Filmer l’embryon pour améliorer les chances d’une FIV

Article paru dans Le Figaro, le 17/05/2013 et disponible ici
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Des chercheurs britanniques ont montré que le suivi en continu de la croissance d’un embryon avant implantation dans l’utérus permet de repérer ceux qui n’ont pas d’anomalies chromosomiques.
Une équipe de Manchester spécialisée dans la fécondation in vitro (FIV) a prouvé l’efficacité d’une nouvelle technique utilisée pour réduire les risques de mauvaise implantation de l’embryon ou de fausse couche. Les scientifiques utilisent pour cela un dispositif appelé embryoscope qui réalise un suivi presque continu de la croissance d’un embryon pendant les 3 à 5 jours qui suivent la fécondation, avec un cliché toutes les 10 ou 20 minutes. Ils expliquent dans la revue Reproductive BioMedicine Online comment cela peut améliorer le taux de succès des naissances par FIV de 56 %.
«Cette technique permet de réaliser un film qui donne des informations très précises sur la vitesse et la régularité de la croissance de l’embryon, deux critères importants pour choisir lequel des embryons fécondés aura le plus de chances d’être implanté avec succès dans l’utérus de la mère pour donner une grossesse réussie, explique Thomas Fréour, biologiste au service d’assistance médicale à la procréation du CHU de Nantes, le premier service de France à utiliser cette technologie depuis 2011. Ces résultats sont encore préliminaires, mais ils confirment bien le lien qu’on soupçonnait entre la vitesse de développement de l’embryon et le succès des grossesses.»
De manière classique, la surveillance de la multiplication des cellules embryonnaires se fait en sortant les embryons de l’incubateur pour les observer au microscope une fois par jour. Une pratique à la fois un peu plus perturbante pour les cellules, et bien moins fiable pour détecter d’éventuelles anomalies de croissance.
Une technique encore coûteuse
Presque deux tiers des embryons humains comportent des anomalies chromosomiques qui peuvent faire échouer l’implantation dans l’utérus, ou mener à une fausse couche.
Pour confirmer l’idée intuitive que le suivi en continu apportait un réel progrès par rapport à l’observation quotidienne «classique», les chercheurs britanniques ont comparé la technique avec des analyses chromosomales qui permettent de détecter d’éventuelles anomalies génétiques avant l’implantation de l’utérus de la mère. Ce type de diagnostic préimplantatoire est extrêmement contrôlé en France, et n’est pratiqué qu’à titre exceptionnel.
Les embryons ont été classés après observation en continu dans trois catégories de risque, faible, moyen et élevé. Onze grossesses ont donné lieu à des naissances à partir d’embryons à faible risque, un taux de succès de 61 % contre seulement cinq dans le groupe de risque moyen (19 % de succès) et aucun dans le groupe à risque élevé. Des résultats comparables aux taux de réussite obtenus avec analyse des chromosomes.
«La technique est encore coûteuse, puisqu’une machine qui peut surveiller en continu les embryons de 6 patientes coûte environ 90.000 euros mais elle apporte réellement des informations précieuses avant l’implantation, complète Thomas Fréour. Ces informations sont utiles pour l’équipe médicale, mais aussi pour les couples qui cherchent à avoir un enfant, car cela peut notamment les aider à comprendre quelles sont leur chances de succès.»

Commentaires à propos de cet article (15) :

  1. BAMP! KABOOM! Merci le collectif!Trop la classe, l’info vient à moi.
    Cet embryoscope est aussi utilisé dans les labos du Dr frydman, vu dans un reportage.

    1. L’embryoscope est aussi utilisé (moyennant coût supplémentaire) dans certaines cliniques espagnoles. Mais c’est vrai qu’il n’est pas systématiquement proposé (après plusieurs échecs seulement).

  2. Nana très intéressant cet article !
    Je l’ai rangé dans une catégorie supplémentaire à celle où tu l’avais déjà rangé.
    Donc il se trouve référencé dans INTERNET et INNOVATIONS-RECHERCHE

  3. Bonjour et merci pour cet article ! je suis espoirhope, 41 ans deux fiv, deux grossesses et deux fausses couches un peu tardives, nos embryons s’étant stoppés à 11SA et 8,5SA …. et donc deux drames … à prioiri liées à des problèmes chromosomiques, nos embryons sont pourtant de catégrie +++ ! si seulement on pouvait en bénéficier en france, cela nous aurait empêcher ces cauchemars ou au moins le deuxième sachant que nous avons un embryon au froid magnifique : j’appréhende énormément un tec … du coup on en est presque avec mon mari à nous dire que nous allons aller en espagne avec nos propres gamètes pour en bénéficier … je mène l’enquête pour savoir si cela est possible et à quel coût ! merci à vous

    1. Je suis un peu dans ton cas espoirhope. 1 fiv et deux tec avec des fausses couches a chaque fois malgré de très beaux embryons. Mais pas d’études donc ça reste dans ce terme que je hais tant : « la faute a pas de chance ». En attendant, je me dis aussi que si mon centre était équipé de cette technologie, nous n’en serions peut être pas la…

      1. @ Espoirhope et Nanaquiattend, pour info (mais peut-être le savez vous déjà), il existe des examens spécifiques aux problèmes de fausses couches à répétition : il s’agit du « test FISH » pour nos hommes, et du bilan de thrombophilie pour nous… mais le FISH n’est pas pris en charge et certaines analyses de thrombophilie non plus (bon ça ne résout pas toutes les interrogations, mais ça peut parfois amener des pistes…)

        1. Oui merci …
          Je vais partager mon expérience un peu atypique car dans notre cas on a découvert ce qui se passait mais après la première fausse couche…. le sperme de mon homme est absolument normal et on est en fiv normale ! mon médecin, se posant des questions sur cette fausse couche un peu bizarre (mes dosages hormonaux étaient bon malgré mon âge et ma réponse au traitement très bonne: 12 ovocytes de ponctionnés, 8 matures ) …. on a alors fait à mon homme le test sur la fragmentation et la décondensation de la chromatique et là bingo : le taux de décondensation était trop élevé ( pas tant que cela non plus ) et mon âge ne permet plus que je répare , la fragmentation est parfaite en revanche…. c’est terrible car cela n’empêche en rien la fécondation , donne des embryons magnifiques et dans mon cas des accroches parfaites ( j’ai à un utérus très accueillant et opérationnel)…..
          mon homme a pris 8 mois de vitamines spéciales, et a été suivi régulièrement et son taux a d’abord augmenté bcp puis a bien baissé mais reste trop élevé pour mon âge et là résiderait l’explication de la deuxième fausse couche avec mes un an de plus..!
          mon médecin me dit que le bilan étiologique des femmes donnent des résultats normaux dans la très grande majorité des cas et à prioiri le mien devrait être normal vue les développements des embryons : par acquis de conscience, je viens de les faire …
          ayant été très frappée par l’histoire de Fabienne où je me reconnais, j’ai aussi discuté de la biopsie de l’endomètre : elle me dit que les résultats sont intéressants en l’absence totale d’implantation avec des beaux embryons et que le vrai soucis quand on découvre certains problèmes est qu’il n’ y a encore pas de traitements vraiment probants puisque le protocole proposé est le même que celui donné dans la majorité des centres fiv …..je vais approfondir ce point !
          après chaque cas est unique bien sur !!!! je crois plus à au film de l’embryon pour éliminer les anomalies chromosomiques : je vais lui en parler ; mon médecin est top , à l’écoute !

          1. bonjour espoirhope, je suis « fabienne ». Effectivement, j’ai le même problème que toi. L’age de mes ovocytes ne permet plus de réparer l’adn des spermatozoides de mon mari. La seule (l’ultime) solution est le don d’ovocytes (jeunes).
            Quant à mes cellules NK toxiques, elles sont finalement régulées par 2 protocoles complets et simultanés (perf intralipide+ cocktail habituel lovenox, aspegic, corticoides etc…). je pourrais en parler quand je serais en fiv do, cet été.
            J’ai exploré une piste encore peu utilisée, voire dénigrée.
            qu’importe, j’ouvre toutes les portes….

    1. Merci Fabienne de prendre le temps de répondre… j’ai aussi été suivie au début de mon parcours par le docteur number 4 : il considérait que tout allait bien chez moi et pour cause ! j’ai donc changé … je reconnais qu’il est un pro des biopsies de l’endomètre car il en fait faire régulièrement, ce qui est très rare…. les équipes ne sont pas toutes d’accord et pour l’instant je remarque qu’il y a plutôt des querelles ; ce que je retiens d’échanges notamment avec un biologiste , c’est qu’on est certainement beaucoup à avoir des cellules tueuses, qu’elles changeraient selon les cycles, mais que cela n’empêche pas forcément de mener une grossesse et les médocs des protocoles classiques font baisser par exemple les défenses immunitaires : je dis cela mais je réalise que dans certains centres on ne donne même pas d’aspegic ni de corcicoides ! et que les résultats du labo ne sont pas forcément exploitables car ils ne disent pas si les grossesses menées le sont suite à un don : pour certains, c’est bien de passer par le don et pas le reste qui a permis la grossesse…ce biologiste est pour l’examen en cas d’absence totale d’implantation aussi !
      pour ma part, je trouve ces querelles bien vaines et si les résultats marchent dans certains cas, tant mieux et autant le faire …surtout que le coût important est supporté par le couple ..
      dans notre cas, l’équipe de la muette ne nous parle pas de don d’ovocyte et nous propose de continuer les fiv puisque le taux de mon homme baisse beaucoup et devrait être maintenant sous la norme et que je réponds bien (10 ovocytes à la deuxième fiv en janvier), et que nos embryons passent les J5 ….(elle a des exemples où cela a marché après plusieurs fausses couches, il faut juste être en état de prendre ce risque ….) et bien sur d’utiliser le congelé qui est à priori « top » car il a vécu encore plus longtemps !
      moi je n’y crois pas des masses ! mais on verra …..et je mène l’enquête et vous dis sur le film….

  4. Merci pour cet article intéressant, la médecine progresse! Cependant, hormis les questions chromosomiques, on peut aussi se dire que l’embryon a plus de chances d’évoluer in utero, qu’en culture (enfin, c’est surtout dixit mon gygy Miracle en m’implantant mon embryon à J3). De plus, cette technique ne garantit malheureusement pas forcèment une grossesse à tous les coups (une « amie de » qui a été suivie par le Dr Frydman et qui est tjrs sans enfant après ses 4 FIV).

  5. Merci pour cet article super intéressant.. Ils doivent en effet pouvoir percevoir beaucoup plus de choses comme, en les laissant au chaud en plus, sans les sortir de leur petite étuve…

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