La vie continue

Doudou et moi nous sommes rencontrés en août 2008. J’avais 28 ans et lui 31. Quand on se rencontre un peu tard comme nous les sujets comme enfant et mariage arrivent un peu vite. Le mariage étant inconcevable pour lui (divorcé), l’enfant l’était visiblement moins ! 
J’ai donc arrêté la pilule en juin 2009 il me semble (les dates et moi … !).
On ne se pose pas trop de question, je suis réglée comme une horloge donc pas de raison de se faire du souci.
Malgré ça, mon expérience un peu amer du milieu médical et un pressentiment quelconque (je suis un peu poissarde comme fille) me font consulter un gygy en mars 2010. Sachant que les gygys sont souvent long à la détente j’exagère un peu mon délai d’arrêt pilule mais en fait pas besoin, super gygy me prescrit illico un test de huhner.
Et là c’est le drame n°1 (oui il faut les numéroter en fait, on fini par l’apprendre assez vite !) : « vous avez vraiment fait des cochonneries hier ? » …. Heu bein oui j’y étais il me semble ! Verdict : elle ne voit pas de zozo mobile ou peu. Cette gygy n’est pas du tout spécialisée en infertilité et ne cherche pas à l’être. Elle nous dit cash : il y a un problème, je vous envoie en PMA parce que moi je n’y connais rien. On ne la remerciera jamais assez de nous avoir expédiés aussi vite en PMA. Un médecin qui avoue son incompétence direct c’est juste formidable dans notre parcours !
Doudou un peu effondré, moi encore pleine d’espoir (et puis il faut bien compenser, c’est ça un couple, il faut qu’un des deux aille bien, c’est la règle).
Direction la PMA et le docteur M. (que j’aimerais beaucoup citer parce qu’elle aussi a été formidable).
Et hop c’est parti : PDS, spermogramme, caryotype, écho et hop on se met cul nu à tire larigot c’est la fête du slip !
Verdit OATS sévère pour mon chéri (très très sévère…). Nouvelle baffe mais miracle, l’ICSI est là !
A ce moment là j’avoue que je ne me souviens pas qu’on m’ai parlé d’un quelconque problème venant de moi alors tous les espoirs étaient permis. Je suis d’un naturel « that’s life » et puis je ne vais pas me tirer une balle non plus hein ? Alors on fonce.
FIV 1 (ou plutôt stim 1). Je fais venir les infirmières tout va bien… 1ère écho … hum hum bof bof mais je me dis que c’est la première pas de problème. Echo avant la ponction pas de fofo ou alors 1 de chaque côté et pas grand et pas beau. Bref, ponction annulée. Là c’est le drame n°2, le moment où je réalise que ça pue vraiment, que quelque chose déconne et que ce n’est sûrement pas le côté OATS de doudou en définitive. Crise de larme entre l’hôpital et le taf (bah oui il faut travailler quand même), appel à doudou aussi effondré que moi, à quelques kilomètres de là mais qui ne peut rien faire pour moi je dois aller bosser…
On revoit notre docteur M. la fabuleuse. Elle n’y va pas par 4 chemins, je me rends compte avec le temps qu’elle se doutait du résultat car elle m’avait déjà demandé de faire mon AMH mais moi à l’époque l’AMH je ne savais pas ce que c’était et elle ne nous avait rien dit. C’était une analyse parmi les autres.
Elle nous apprend donc que quoiqu’on fasse comme stim elles échoueront car je suis en insuffisance ovarienne précoce. C’est fini pour nous rien à faire. Ce sera soit l’adoption soit le don d’ovocyte. Elle dit ça à la fois cash et compatissante, bref super médecin.
Elle nous laisse bien sûr le choix (oui, avec elle c’est nous qui choisissons). On n’est pas prêt à abandonner après 1 seul essai alors on demande de recommencer avec un autre protocole. Aussitôt demandé aussitôt fait. Elle est ok et nous donne toutes les ordonnances illico : commencez tout de suite, peut être qu’avec 2 stim de suite ça peut aider. Je l’embrasserai ! Elle est super !
1ère écho petit espoir : quelques fofos. On retrouve le sourire, on est super heureux. 2ème écho+pds : 3 fofos mais les pds sont mauvaises : ils sont vides ou les ovocytes de mauvaises qualité. Nous voilà au drame n°3. Je m’en souviens comme si c’était hier. Cette fois doudou m’avait accompagné, il faisait un temps splendide, c’était au mois de mai 2011. On est allé au marché parce qu’on n’avait pas la force de conduire jusqu’à la maison. On a erré comme des zombies, je pleurais, je me calmais, je re pleurais. Puis on est rentré, on a mis la musique à fond, on a bu, on a fumé, on a pleuré et … on a jardiné ! Oui, on est comme ça doudou et moi. La vie est précieuse et notre amour encore plus, il fait beau, on trouvera une solution, on verra bien mais nous on est des fous, on a acheté une maison démesurée avec un terrain démesuré paumé à la campagne pour élever nos enfant, on s’aime à la folie alors on trouvera une solution comme pour tous nos problèmes parce qu’à un problème il y a toujours des tas de solutions.
J’étais contre le don d’ovocyte mais quand c’est devenu notre seule solution, croyez moi j’y ai bien réfléchi et j’ai changé d’avis. C’est fou comme les certitudes sont ébranlées dans ces moments là. Soutenue à 200% par ma meilleure amie et ma sœur adorée, on fonce.
Notre docteur M. nous dirige donc vers 2 CECOS. Ouai parce que notre docteur M. c’est une killeuse qui se fiche des règles ! Inscription dans 1 seul CECOS ? On s’en tape, je vous fais un courrier pour les deux et vous garder ça pour vous. Si vous voulez partir à l’étranger revenez me voir. Je la kiffe !
Rendez-vous pris pour les 2 fin 2011. On vit, on rénove notre maison, on s’aime, on prépare notre mariage.
Octobre 2012 1ère FIV DO. Encore une fois on tombe sur un super docteur (oui on est des chanceux je sais). Tout roule, très pro, très à l’écoute, bon suivi, bon protocole, personnel super. Transfert de 2 brybry le 11 octobre et c’est ++++ ! Voilà, il suffisait d’y croire et c’est tout ! Pfff le DO ! Une routine pour nous !
Echo fin octobre par ma gygy qui est ravie pour nous. Un joli cœur qui bat ! Aucun doute tout roule !
Echo fin novembre chez un échographe. Confiant, heureux. Nous voici au drame n°4. Bébé n’est plus. Il a arrêté d’évoluer c’est fini. Pas d’explication, l’échographe est juste effondré pour nous vu notre parcours. Bienvenu dans les 20% de fc précoce.
Mais bébé est bien où il est et à lire les expériences des filles ayant pris le fameux médicament de la mort je dis non. Merci mais j’en ai assez bavé, votre médicament vous le bouffez vous-même, moi je veux un curetage. Gygy comprend et me fait une super lettre de motivation pour l’hôpital.
Là bas un cauchemar ! Nouveau service maternité, il faut appuyer sur un interphone pour entrer (aux urgences !!) et dire ce qu’il y a avec d’autres personnes derrière vous (super confidentialité). On entre dans une grande salle d’attente sans aucun médecin. Les médecins sont de l’autre côté d’une porte battante infranchissable. Personne ne vient voir si vous allez bien, si vous n’êtes pas à l’agonie, si vous ne pissez pas le sang ! Et vous attendez avec à côté de vous une nana qui vient pour sa visite du 3ème trimestre, une autre qui est en pleine fc au bord de l’évanouissement … une honte et ça s’appelle les urgences maternité !
On vient m’appeler et une petite étudiante m’amène de l’autre côté de la porte et s’arrête là, debout avec un bloc de post it dans la main. Vous êtes qui ? Vous venez pour quoi ? Je viens parce que je suis enceinte mais mon bébé n’est plus. Vous voulez quoi ? Bah qu’on me l’enlève !!! Ah oui. Hop je retourne dans la salle d’attente. Ensuite on revient me chercher, on me fait une écho pour vérifier et on me propose le médicament. Je lui dis ok si vous me garantissez que c’est 100% efficace sans risque de curetage derrière. « ah non je ne peux pas ». Ok alors curetage merci.
Programmé 3 jours après. Sans douleur, personnel super, moi en larme du début à la fin et c’est fini. Inévitablement il y a les gens qui disent on est là mais qui ne le sont pas, la famille qui suit ça à 300 km, certains effondrés, d’autres rien à foutre….bref.
La vie recommence, en attendant on se mobilise avec des copinautes, on passe sur France 3, dans Ouest France, on fait une réunion d’information. C’est quoi le DO, c’est qui une donneuse etc etc …
Et oui parce que dans le DO il y a les donneuses. Celles grâce à qui on peut espérer. Il y a celles qu’on ne connaît pas, il y a celle qui vous fait avancer dans la longue liste d’attente. Moi j’ai 2 fées ! Une dans chaque CECOS. Mes miracles à moi sans qui je ne continuerais pas, sans qui j’aurais tout abandonné parce que sans donneuse c’est le parcours du combattant, celles qui me soutiennent à chaque instant encore aujourd’hui.
Car j’ai eu ma FIV DO n°2. Celle-ci dans mon 2ème CECOS. Celui qui a fait tomber la balance de la chance de l’autre côté. Le médecin à 6 mois de la retraite qui se fou de tout, le médecin bien gentil mais qui prend ça par-dessus la jambe. Le médecin qui prescrit un protocole bidon, un médecin à cause de qui je suis sous traitement depuis mi-février 2013 pour un transfert il y a 10 jours ! Un médecin qui est contre l’implantation de 2 embryons (on a bien insisté).
Hier le résultat était négatif. Vous avez gagné le droit de rejouer.
J’ai donc appelé mon super copain le docteur (et oui la retraite c’est à la rentrée, il est toujours là). Une petite anecdote pour finir ? Il m’a dit ok, vous avez 2 ovocytes vitrifiés. Dès que vous avez vos règles on recommence avec le protocole X.
Là je me dis que c’est une blague car devinez quoi ? Le protocole X c’est le protocole qui ne fonctionne pas sur moi. Qui n’a pas fonctionné en PMA, qui n’a pas fonctionné en mars avec lui. Mais il insiste, il recommence. Un protocole qui fonctionne dans 80% des cas mais je fais partie des 20%, je le sais, il le sait mais il s’en fou !
Je suis donc repartie pour 4 mois de traitement : le protocole X qui va échouer, il faudra finir le protocole, provoquer mes règles et repartir sur le protocole Y qui a fait ses preuves donc un été sous traitement pour un transfert à la rentrée. C’est pas beau la vie ?
C’est injuste mais c’est comme ça, on n’aura pas toutes des enfants que ce soit par choix ou pas. Oui c’est toujours gentil les commentaires : mais tu vas y arriver, la prochaine fois sera la bonne. Je sais que l’intention est bonne mais ça reste un mensonge car non, nous n’aurons pas toutes un enfant. Oui certaines d’entre nous resteront sur le bord de la route. On en connaît toute et la prochaine c’est peut être moi.
Alors entre chaque essai on vit avec et s’il le faut je vivrais avec toute ma vie parce que ce n’est pas moi qui décide visiblement (celle qui me parle de dieu je hurle ! lol).
On se bat pour beaucoup de chose dans la vie, ce sera un combat de plus et si on perd et bien c’est comme ça. La vie continue.

Commentaires à propos de cet article (4) :

  1. Petite indiscrétion mais tu ne serais pas suivie au Cecos de Rennes toi, parce que le toubib qui part à la retraite, qui n’arrête pas de parler de ce qu’il va faire alors, celui qui avait « juste » oublié de me dire que le provames ne se prend pas tout d’un coup mais à intervalles réguliers au cours de la journée, ben j’ai l’impression qu’on parle du même. Et pour le traitement qui commence en février pour un transfert en mai, j’ai connu aussi. Pas possible, il ne peut pas y en avoir deux pareils, enfin j’espère !
    Je te souhaite que ça marche. Mais comme tu le dis si bien, parfois on fait parti de ceux qui restent sur le bord de la route.

    1. C’est fou comme on le reconnaît facilement dans les témoignages le bonhomme hein ?! Après l’enfer, les cogitations : j’utilise mes ovocytes vitrifiés tout de suite avec lui sachant que je vais à nouveau galérer (même si je suis habituée) ou j’attends la rentrée qu’il soit parti ? Sachant qu’il a fait pas mal de faux départ le pèpère alors s’il repousse genre jusqu’à la fin de l’année j’aurais l’air fin ? Lui, à son départ, je fait péter le champagne !

  2. Merci pour ton témoignage et merci d’oser dire ce que bcp d’entre nous pensent tout bas … oui, on restera peut-être au bord de la route… et oui, la vie continue… En attendant, je te souhaite quand même le meilleur 🙂

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