9 mois après … rien

On est nombreuses à avoir perdu notre bébé. Tôt pour certaines, tard pour d’autres.
On est toutes d’accord pour dire que les gens ne se rendent pas compte. Il est vrai que ça arrive dans 20% des grossesses une fausse couche dans le 1er trimestre. C’est habituel, c’est banal, c’est comme ça.
Oui, mais dans notre parcours c’est un drame de plus. C’était NOTRE chance, enfin notre bébé était là. Enfin, après toutes ces années ça a marché. Enfin, le bout du tunnel.
Quand je suis tombée enceinte, je n’ai pas pensé une seconde que ça pourrait m’arriver. Après notre parcours, une fc n’était pas envisageable. Je n’allais pas psychotter sur un énième drame, je n’allais pas y penser. On en avait assez bavé, c’était une évidence.
J’ai vu le coeur battre chez ma gygy. Raison de plus pour ne pas douter.
C’est le coeur léger que je suis allée avec mon amour à l’écho. Sans doute, sans peur. Je n’avais pas eu de saignements, pas de douleurs, donc bébé était là. S’il lui était arrivé quelque chose je l’aurais senti.
Mais tout de suite, l’échographe nous a dit que quelque chose n’allait pas. Là encore j’ai regardé mon amour en lui disant « il était là il y a 15 jours, il est là aujourd’hui ».
Mais non. Il n’était plus là.
On était vendredi soir. Pas de médecins joignables avant lundi. L’échographe nous parle d’un médicament pour faire passer mon bébé. Aveugle et sourde je dis « oui, oui ».
D’un côté heureusement que nous étions vendredi soir. J’ai pu en parler à mes copinautes qui m’ont dit à l’unanimité le traumatisme et la douleur d’un tel médicament. J’ai eu 2 jours pour réfléchir avec mon amour et décider de recourir au curetage.
Mais nous savons toutes que même après, ça ne s’arrête pas là. Les mois passent, on avance, on refait même une tentative ou pas, on vit, on continue.
Les gens n’y pensent plus, c’est du passé, c’était l’année dernière.
Non, c’était il y a 8 mois.
Je devrais être dans mon dernier mois de grossesse. Je devrais être grosse comme une baleine. Je devrais finaliser la chambre de mon bébé. Je devrais essayer de convaincre mon amour que Clémentine c’est plus jolie que Gertrude (lol).
Les gens oublient mais 8 mois après la douleur est revenue. Toujours aussi vive. On a toutes (en tout cas moi) regardé les forums, parlé avec des copinautes enceintes en même temps que nous pendant quelques semaines.
Aujourd’hui les premières accouchent, les autres se réjouissent et moi j’ai le ventre vide.
Tout le monde a oublié, c’était l’année dernière.
Moi je sais que cet été sera un des pires de ma vie, que le mois de juillet sera long et difficile, que ma tristesse sera latente mais personne ne comprendra. Personne n’y pensera.
C’est un sujet plus que connu. La douleur des femmes ayant vécu une fc. C’est un sujet connu, que 9 mois après, la douleur revient. Que les dernières semaines de la grossesse qui fut interrompue sont douloureuses et traumatisantes. Pourtant aucun suivi n’est fait. Tous les psy de la terre vous le diront, toutes les maternités mais aucun suivi n’est fait. Rien n’est proposé au delà du moment de la fc.
Evidemment les centres de PMA (CECOS pour moi) sont débordés. Les fc sont courantes mais les psy sont là pour ça non ? Un agenda, le nom du dossier, la date prévue de l’accouchement. Un appel pour proposer un rendez-vous pour en parler. Parce que ça nous ferait du bien que quelqu’un vienne vers nous à ce moment là, parce qu’on n’a pas la force d’aller vers les autres. On se sent un peu bête de repartir dans le chagrin tant de mois après, on n’ose pas en parler.
Parce que c’était l’année dernière pour les autres. Parce que c’était il y a 8 mois pour moi.

Commentaires à propos de cet article (16) :

  1. Il y a beaucoup à dire sur le suivi psy qui pourrait accompagner la PMA.. je pense que ca deviendra un des combats de BAMP !.. en tout cas je l’espère..
    En attendant.. je t’envoie un peu de force pour surmonter le mois de juillet à venir..
    Et je te souhaite qu’un beau bébé vienne apaiser ta douleur, faute de la faire disparaitre;;

  2. Je me reconnais beaucoup dans tes écrits, pour moi en ce moment même j’aurais dû être en plein 9ème mois, à vivre les derniers jours de l’attente. Et en fait bizarrement j’y pense pas trop, je me dis que c’est sans doute pas normal. Peut être que comme cette grossesse avait commencé « mal » de suite, je ne me suis pas investie suffisamment dedans pour que j’en souffre autant que d’autres.
    La psy m’aurait sans doute fait du bien, au moins pour « encaisser » la façon compliquée dont nous avons du tourner la page, liée au pays où je vis. Mais bon quand le suivi médical est si chaotique il faut pas s’attendre à ce qu’on nous propose un psy en plus !
    Par contre en France, les psys sont là, présents dans les hôpitaux donc tu as raison proposer aux femmes une consultation devrait être naturel.

  3. Chère Tittounett,
    oui ce mois sera horrible pour toi, ça sera le mois prévu de ton accouchement, et comme tu le dis si bien, toi seule le sais encore à l’heure actuelle, pour les autres c’est déjà de l’histoire ancienne…
    Tu as déjà l’intelligence de savoir que ton chagrin actuel est lié à cette perte, moi j’ai mis quelques jours avant de le comprendre… Néanmoins, dépasser cette date m’a permis de commencer mon travail de deuil, et j’espère qu’il en sera de même pour toi, même si on n’oublie jamais entièrement. Je te souhaite beaucoup de courage et de l’amour de la part de ton entourage pour dépasser cette épreuve.

  4. J ai pleurė en te lisant… je compte tous les mois depuis le 24 .12.12.. Je devrais être presque a 7 mois de grossese. Je m’imagine aussi dans des situations .. et je pleure… Les gens ne savent pas pourquoi… Le chagrin est présent, tous les jours… Ils ne savent pas pourquoi..,ils oublient vite, je n ai pas cette faculté .. Et je n ai pas envie d’oublier… je n’en parle plus , de peur d’entendre des remarques désobligeantes. Je n’en ai plus la,force de me justifier, de convaincre que ces moments sont atroces. J ‘ai eu le droit a « bonne fête des mère quand même ´ tu ne l as pas été longtemps mais tu l ‘as été »… Soupir… Je suis aigri des autres…. Sourire…. bon courage a toi , à nous toutes qui se trouve dans cette situation… Les semaines a venir vont être pénible pour nous.. Mais comment y échapper ?? ne pas compter ? Je suis obsédé par cela depuis que j ‘ai dis au revoir à mon petit souffle de vie…j’y pense à chaque seconde…

  5. c’est tellemnt juste , tes mots sont parfait dans ton cas qui est aussi le mien. Dans 1 mois je redoute ce moment où j’aurai dû tenir ce bout de nous dans mes bras, entendre ses premiers cris et detenir ses petits doigts.
    Je suis actuellement suivi pas une psychologue, de ma propore initiative. Aucun soutien ne m’a été proposé par ma PMA , pas un seul appel, c’est vraiment déplorable.
    A mon sens, dès les premiers pas en PMA notre médecin devrait nous proposer ce suivi, à nous d’accepter ou non.
    Courage à nous toutes, nous sommes tellement nombreuses…

  6. Coucou, je me reconnais beaucoup dans ce que tu écris. J’ai vécu moi-même 5 FC en plus du décès de mon bébé à 6 mois de grossesse. Le deuil après une FC est toujours mal compris (souvent la famille ou les amis) par ceux qui ne l’ont pas vécu.
    Malheureusement le côté psy post PMA n’est quasi pas développé, alors que c’est justement ici en PMA qu’on devrait avoir des aides.
    Je te souhaite beaucoup de courage, il en faut, car un deuil ne s’oublie pas, on vit avec.

  7. Très touchée par ton billet… Après des parcours comme les nôtres, lors du 1er +++, on n’imagine pas que le pire peut arriver. On se dit que c’est déjà assez douloureux comme ça… Que peut-être la chance va enfin nous sourire…
    Pour nous, c’est presque 4 ans d’essai, 9 tentatives PMA, 3 débuts de grossesse… et 3 FC… IO sévère et cellules tueuses dans l’endomètre, la grosse loose quoi. Même le don est compromis du coup.
    Je ne peux que comprendre…
    Bises de soutien.

  8. Je vis la même chose que toi, au bout de 4 ans et demi d’essai, j’arrive enfin à tomber enceinte, le cœur de mon bébé battait à 5 SA mais à 7 SA il ne battait plus et je l’apprend juste avant noël.
    J’aurai du accoucher ces jours ci, j’aurai pu écrire ce que tu as écrit… Depuis toujours rien, j’ai le ventre désespérément vide malgré les tentatives…Je n’en peux plus je ne sais plus comment faire pour continuer de sourire à la vie.
    Ce n’est pas humain ce que nous vivons, je vous envoies du soutien à vous toutes

  9. comme je me retrouve dans cet écrit… oui, à l’heure actuelle… on devrait être parent de jumeaux… et des vrais… La seconde FC, on l’a vécu différemment de la 1ère avec mon homme car on s’était pas projeté et c’est arrivé plus vite que la 1ère… la gygy pma nous a proposé de voir la psy, tout comme lors de mon aspiration d’ailleurs, on m’a proposé de voir la psy… au moins, ils pensent au suivi après…

  10. C’est très touchant ce que tu écris, je me reconnais aussi dans tous ça. La douleur, l’IO, l’impression de ventre vide, se cacher pour pleurer …. Les « oh mais ne t’inquiète pas moi aussi j’ai fais une fc, et j’ai quand même eu des enfants « , ouais, t’avais 22 ans t’étais pas en pma, ça fait quand même une différence …Ma fausse couche s’est produite à 12 semaines. J’aurais dû accoucher début août, mais la douleur est plus vive aujourd’hui. J’ai fais ma 1ère échos le 17/12/2013, le jour de mon anniv, et puis le 10 janvier tout s’effondre… Aujourd’hui je revis tout ça, je suis en plein dedans, je m’effondre, j’ai appelé une psy car j’ai peur de sombrer. Il faut être solide pour ces parcours, l’humanitude n’en fait pas partie..
    Bon courage à toutes

    1. je te souhaite un doux courage pour passer ce terrible moment, j’ai fais ma fausse couche le 24/12/2012 ; mes invités étaient à table, je me retenais d’hurler à chaque fois que j’allais dans ma salle de bain. La période des fêtes sont très douloureuses… et nous rappelle tant et tant de choses..

      1. Moi aussi FC après 9 semaines de grossesse ;j’ai vu ses pieds ;sa petite tête ;il était là mais son coeur ne battait plus ;j’ai pleuré devant le médecin j’ai pas pu me retenir; la gorge nouée; je ne pouvais plus respirer, je n’arrivais pas à l’admettre mais le verdict est tombé :il faut le descendre me dit il avec simplicité et logique ;au début je ne voulais pas; je m’accrochait encore à l’idée que peut être son coeur va remarcher mais bon j’étais dans le déni
        Je suis revenu 2 plus tard pour qu’il me donne le cytotec ;là j’ai pris les 2 comprimés, 6h plus tard c’était fini. c’est vraiment douleureux de le voire tomber toi sans pouvoir faire grand chose!
        j’ai une fille de 7 ans ;je voulais lui faire une surprise (de pouvoir lui faire une soeur ou un frère ) mais la semaine où j’allais lui dire tout était fini plus de bébé! !
        j’ai toujours pas fini de faire mon deuil.

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