Baisse des spermatozoïdes, le tabagisme subi in utero mis en cause (Le Figaro, 9 juillet 2013)

Un article du Figaro met en avant les résultats d’une étude australienne de grande ampleur démontrant les effets délétères du tabac sur le fœtus, avec des conséquences sur la fertilité ultérieure de ces jeunes hommes…

Baisse des spermatozoïdes, le tabac en cause

Par figaro iconMartine Perez – le 09/07/2013
Une enquête australienne révèle que ce phénomène serait lié, au moins en partie, au tabagisme des mères, en forte hausse.

Dans les années 1980, des chercheurs finlandais mettaient en évidence, pour la première fois, une baisse de la production et de la vitalité des spermatozoïdes chez l’homme. Depuis, le constat a été confirmé dans différents pays, notamment dans plusieurs villes de France.

Selon une étude menée par le Cecos (Centre d’étude et de conservation du sperme), le nombre moyen de spermatozoïdes par millilitre de sperme serait passé, en vingt ans, de 80 millions à 60 millions aujourd’hui. Comment expliquer ce phénomène (que certains contestent d’ailleurs)?

Lors du congrès européen de reproduction humaine et d’embryologie qui se tient actuellement à Londres , plusieurs hypothèses ont été formulées pour expliquer cette évolution: en particulier le tabagisme féminin et le petit poids de naissance. Le fait de fumer entraînerait, par le biais du monoxyde de carbone (CO), une asphyxie transitoire du fœtus qui altérerait les organes les plus fragiles, notamment ceux de la reproduction. De même, le petit poids de naissance (lié à différents facteurs, entre autres aux grossesses multiples) perturberait le développement fœtal. Jusqu’à présent, les pesticides, les perturbateurs endocriniens et autres modifications de notre environnement chimique étaient les principales hypothèses avancées.

Pour aboutir à cette conclusion, les scientifiques australiens ont mené une enquête à long terme: ils ont enrôlé 2900 femmes enceintes, les ont interrogées avec minutie sur leur mode de vie, ont examiné leur progéniture pendant la grossesse puis régulièrement pendant l’enfance et enfin ont évalué le spermogramme des garçons à plusieurs reprises entre 20 et 22 ans. En particulier, 423 jeunes hommes de ce groupe ont bénéficié à l’âge adulte, d’un bilan complet pour mesurer le volume testiculaire, l’analyse de la quantité et de la mobilité des spermatozoïdes.

Les résultats révèlent qu’environ un jeune homme sur six dans ce groupe présente des anomalies du spermogramme, avec un volume séminal insuffisant, un nombre de spermatozoïdes en dessous des normes et une mobilité insuffisante, selon les critères définis par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Un quart des jeunes gens avaient des spermatozoïdes présentant des anomalies morphologiques considérées comme inacceptables, selon les critères de l’OMS.

Spermogramme perturbé

Quand les chercheurs ont ensuite recherché des corrélations entre différents paramètres de la grossesse de la mère et les anomalies du spermogramme, ils ont découvert que deux facteurs en parti­culier étaient associés à une moins bonne qualité de sperme: le tabagisme maternel et le retard de développement intra-utérin. En clair, quand les mères fument pendant la grossesse (18,6 % dans ce groupe), le risque pour leur rejeton de présenter un spermogramme perturbé est clairement augmenté.

De même, le fait d’avoir une croissance fœtale retardée est associé à un risque accru d’anomalie spermatique. Enfin, des troubles de la croissance pendant l’enfance sont aussi associés à des troubles du développement testiculaire. Selon le Pr Roger Hart, principal auteur de l’étude, «le message principal de notre travail, c’est que pour atteindre l’âge adulte avec une bonne fonction testi­culaire, un homme ne devrait pas être exposé in utero au tabagisme maternel, devrait avoir une bonne croissance in utero, mais aussi dans l’enfance et l’adolescence, ne devrait pas être en surpoids, et lui-même en tant qu’adulte ne devrait ni fumer ni se droguer.»

Des études menées en France ont indiqué également l’effet néfaste pour la reproduction de la prise d’antalgiques par la mère pendant la grossesse. En tout cas, il devient désormais vital de dire aux jeunes mamans de ne pas fumer pendant la grossesse. Or, depuis vingt ans, le tabagisme féminin ne fait qu’augmenter.

L’article se trouve ici: http://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/07/09/20907-baisse-spermatozoides-tabac-cause

Et le Wall Street Journal relaie les travaux présentés lors des dernières journées de la médecine reproductive à London la semaine du 8 au 12 juillet en citant notamment les recherches du Dr. Joelle Le Moal. L’article précise que non seulement le tabagisme subi in utero a un impact sur la fertilité ultérieure de l’enfant, mais que les pratiques addictives (marijuana…) et les habitudes alimentaires peu équilibrées conduisant à une obésité ont également un impact.

Pour lire l’article, en anglais!, c’est ici.

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