Dossier : Les 40 ans des CECOS (12 et 13 sept.) : Controverse sur l’anonymat du don de sperme (1) + édit

Hier et aujourd’hui se déroulent les journées célébrant les 40 ans des CECOS. Ce vendredi, IROUWEN y a représenté le  Collectif BAMP, et de belle manière, elle viendra nous raconter ça elle même dans les prochains jours.
Dans l’attente, voici une dépêche APM qui relate une controverse ayant eu lieu ce matin au sujet de l’anonymat du don de sperme, notamment au regard des expériences étrangères sur le sujet. La levée de l’anonymat ou le maintien de celui ci, et toutes les solutions hybrides entre deux, méritent d’être examinées avec attention et débattues, notamment sur les impacts attendus sur chaque personne concernée par ce don (donneur, couple receveur, enfant conçu à partir d’un don…). Nous lancerons d’ailleurs un débat sur le blog du Collectif dans les prochaines semaines, afin que toutes les voix trouvent à s’exprimer et que le collectif puisse représenter au mieux les intérêts de tous.
Controverse autour de l’anonymat du donneur de sperme lors des 40 ans des Cecos
PARIS, 13 septembre 2013 (APM) – Une controverse entre médecins et responsables associatifs s’est exprimée lors des conférences organisées jeudi à l’occasion des 40 ans des Cecos (Centres d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humains) à Paris.
Ces journées de Cecos avaient commencé sous le signe de la contestation. La ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, qui devait ouvrir les journées, n’a pas pu prononcer son discours en raison de la présence de manifestants en faveur de l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples homosexuels.
Plusieurs voix se sont ensuite élevées dans la salle lors de diverses présentations autour des enjeux psychosociaux des dons de sperme alors que plusieurs intervenants insistaient sur l’importance du maintien du principe d’anonymat.
Le vice-président de l’association Procréation médicalement anonyme, Raphaël Molenat, a pris la parole pour affirmer son incompréhension. « On ne comprend pas pourquoi les Cecos s’opposent avec acharnement à la levée de l’anonymat », a-t-il lancé, invoquant une jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).
La psychologue clinicienne Charlotte Dudkiewicz-Sibony, présente pour une discussion sur la procréation avec gamètes de donneur, a objecté que la levée de l’anonymat risquait de « pousser les couples receveurs à ne même pas aborder la question du mode de procréation avec leur enfant ».
« Nous demandons le maintien de l’anonymat jusqu’aux 18 ans de l’enfant, âge où il est en droit de connaître son père » a expliqué Raphaël Molenat. Dans la salle, d’autres membres de l’association ont invoqué la Suède et l’Etat de Victoria en Australie qui ont levé l’anonymat des donneurs en 1984 et en 1995.
Présent dans la salle, Pierre Jouannet, professeur à l’Université René-Descartes et ancien responsable du service de biologie de la reproduction et du Cecos de l’hôpital Cochin (AP-HP), a souligné que le système de levée de l’anonymat qu’il est allé étudier en Suède « ne fonctionne pas ».
Il a expliqué que « les parents ne disent rien à leurs enfants, à tel point que certains ont suggéré que le mode de conception soit inscrit sur l’acte de naissance. Depuis 2001, les enfants ont la possibilité de demander eux-mêmes l’identité de leur père biologique et aucune demande n’a été faite à ce jour », a-t-il argumenté. « Notre rôle de médecin n’est pas de décider ce qui doit être révélé, mais de donner aux familles la possibilité de prendre la décision de ce qui doit être gardé secret ou non ».
DES COUPLES QUI NE VEULENT PAS CONNAITRE LES DONNEURS
Lors de cette matinée, Nikos Kalampalikis, professeur au sein du groupe de recherche en psychologie sociale (GRePS), a notamment présenté les résultats d’une étude nationale menée en partenariat avec la fédération française des Cecos et financée par l’Agence de la biomédecine menée en trois phases.
La première portait sur un échantillon de 600 personnes issues de la population générale, la deuxième sur 33 donneurs de sperme et la troisième sur 929 couples receveurs présents dans les Cecos, que ce soit pour une première ou deuxième demande. Les résultats des deux premières phases ont déjà été publiés, ceux de la troisième sont en cours d’écriture.
Selon les questionnaires rendus par les couples receveurs, 75% des couples souhaitent parler à leur enfant de l’infertilité, 75% souhaitent lui parler du mode de contraception et 71% de l’insémination artificielle avec don de sperme (IAD).
Mais 85% des couples ne souhaitaient pas rencontrer le donneur, et ceux qui voulaient s’informer à son sujet préféraient ne recevoir que des informations médicales.
Concernant les donneurs, le don « n’était pas statique mais dynamique ». Les donneurs « spontanés » représentaient 58% des cas, les donneurs « relationnels », c’est-à-dire ceux sollicités par un couple pour faire avancer son dossier, représentaient 27% des cas et les donneurs « convertis » -venus au don en prévision d’une vasectomie, ils avaient fait un prélèvement de sperme- représentaient 15% des cas.
Les motivations de ces différentes catégories n’étaient pas les mêmes. Le donneur spontané estimait qu’il donnait à la société alors que le donneur relationnel considérait qu’il donnait à un couple et que le donneur converti estimait qu’il donnait pour lui-même.
Nikos Kalampalikis a également signalé que des dons étaient souvent réalisés par des membres de couples qui ont eux-mêmes bénéficié de dons.
dc/fb/eh/APM polsan
redaction@apmnews.com
13/09/2013 10:52
EDIT (merci à Tittounett) :
Un magazine BAMP relaie l’information!! Grazia dans sa rubrique SOCIÉTÉ / News.

Il parle de cette journée, de la contreverse autour de l’anonymat des donneurs et aussi de la chute du nombre de dons.
… »Le principe de gratuité a aussi été évoqué lors de ce colloque consacré à l’univers de l’insémination artificielle avec donneurs. Les dons étant en chute libre, -24% en 2011, certains ont évoqué la possibilité d’une rémunération pour inciter les hommes à donner leur sperme, une pratique courante dans d’autres pays européens comme la Belgique. »…
Vous pouvez voir l’article ici
Trouver ces informations dans des magazines se fait rare, il est important de féliciter ceux qui le font! Merci à Grazia et à sa journaliste Alexandra Pizzuto d’être BAMP!

Commentaires à propos de cet article (6) :

  1. Ce qui me tue c’est qu’on remette encore ce sujet sur le tapis ! Il n’y a pas d’autre urgence en France ? Non mais sérieusement ? Aujourd’hui où les dons baissent en flèche et notamment le don de sperme ? Surtout que ce sujet a déjà été abordé lors de la dernière révision de la loi de bioéthique… pfffff ça me gave
    En tout cas mille mercis à Irouwen d’y être allée.

  2. Des phrases comme ça, ça me hérisse:
    «  »Nous demandons le maintien de l’anonymat jusqu’aux 18 ans de l’enfant, âge où il est en droit de connaître son père » a expliqué Raphaël Molenat »
    J’ai fait un don, j’ai permis (en tout cas j’espère!) à un couple de devenir parent, je ne suis pas la maman d’un hypothétique enfant quelque part!!
    Par contre j’avoue que ça ne m’avait pas traversé l’esprit que lever l’anonymat risquait d’augmenter le nombre de couples qui cachent à leur(s) enfant(s) leur conception…

    1. NISA
      Ne voudrais-tu pas faire un ou plusieurs articles sur le fait que tu as donné tes ovocytes.
      Car nous avons si peu de donneuses qui témoignent.
      Par exemple, que penses-tu des propositions sur le manifeste du collectif qui proposent d’améliorer la prise en charge de donneuses en France ?
      Comment s’est déroulé ton don ? Est-ce que tu as été bien reçu et bien accompagnée par le corps médical ?
      Que pense-tu de l’anonymat du don ? Est-ce que si le don n’était pas anonyme aurait-tu donner ou pas ?
      Bref, tout un tas de choses dont il est intéressant de parler.

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