Interview du mois : MARIE HALOPEAU, réalisatrice de documentaires

Voici notre deuxième interview du mois.
Marie Halopeau, réalisatrice de documentaires et de films. Début 2013, elle a réalisé un documentaire intulé « Un enfant si je peux….quand je veux« , qui n’a pas encore été diffusé, documentaire sur la préservation de la fertilité féminine, elle attend une date de diffusion qui doit être déterminée par la chaine. En attendant,  elle a accepté de répondre à nos questions, une exclusivité BAMP !
Nous vous informerons de la date de diffusion. Ce documentaire, non encore diffusé, est déjà inscrit à différents festivals pour l’année 2014 : Le FIGRA, le FIPA et le Festival International de Films de Femmes.

Marie Halopeau, vous êtes la réalisatrice du documentaire « Un enfant si je peux… quand je veux », qu’est-ce qui vous a motivée pour travailler sur le sujet de la préservation de la fertilité féminine ?

Cette volonté de réaliser un documentaire sur l’infertilité et la préservation de la fertilité des femmes, est venue en trois temps : tout d’abord dans le cercle large de ma famille et de mes amis je connaissais des femmes concernées par ce problème ; puis j’ai été contactée par une production,  pour participer en tant que réalisatrice au documentaire collectif « un bébé nommé désir » sur France 2, qui m’a conduit à rencontrer le Dr Gallo en Espagne et un couple Alexandra et Pascal que j’ai suivi et dont je suis devenue très proche ; enfin j’ai deux filles de 16 et 19 ans que je regarde devenir femme et je me questionne sur leur avenir de mère dans la société de demain…

Combien de temps entre l’idée de ce documentaire et sa réalisation, puis sa diffusion ?

L’idée de réaliser un 90 mn sur l’infertilité conduisant à poser le problème de la préservation de la fertilité des femmes malades et des femmes saines qui désirent retarder le moment de leur grossesse,  est venue suite à la rencontre du Dr Gallo en 2011, et de notre complicité avec elle et le couple d’Alexandra et Pascal. J’ai proposé le sujet à un magazine de France 5, en 2012  mais cela n’a pu se faire, et ai reçu un grand « oui » de Christine Lentz sur la chaine Chérie 25 début 2013.

Avez-vous déjà travaillé sur des sujets relatifs à la fertilité et/ou l’infertilité ?

Oui (cf ci-dessus)

Est-ce que le sujet principal de votre documentaire est la préservation de la fertilité hors d’un cadre médical lié à une maladie ?

Le thème principal du film est la préservation de la fertilité des femmes  malades et des femmes saines, et les retards en France sur cette préservation tant au niveau scientifique (vitrification seulement en 2011), qu’au niveau éthique et humain. Le film se consacrant exclusivement à des couples hétérosexuels qui entrent dans le cadre de la législation françaises  et qui sont confrontés à une infertilité féminine, conséquence d’une maladie infertilisante ou  d’une insuffisance ovarienne.

Est-ce que vous pensez que votre documentaire va être reçu comme un sujet sur les femmes, pour les femmes, ou bien comme un sujet social concernant l’ensemble de la population française ?

C’est un sujet sociétal d’importance…et là encore je pense à mes filles et à leurs amies, dont certaines ont déjà des problèmes sérieux d’ordre hormonal, et à mes amies qui ont la trentaine et se retrouvent déjà dans des situations de ménopause précoce…Il faut bien prendre conscience que c’est un problème aussi d’ordre environnemental…l’infertilité devient de plus en plus fréquente…Dans le film une jeune femme atteinte par un cancer du sein et qui a pu préserver sa fertilité explique « survivre pourquoi faire si je ne peux être mère…alors oui préserver ma fertilité me donne de l’espoir pour après et m’aide dans ma maladie »…une autre femme qui a eu recours au don d’ovocyte à l’étranger dit « si on m’avait proposé de préserver ma fertilité je l’aurai fait..je n’ai pas honte d’avoir eu recours au don d’ovocyte et je l’assume…mais j’aurais aimé voir à quoi ressemblerait un bébé fait vraiment de nous deux »…

Quels impacts souhaiteriez-vous que votre documentaire, puisse avoir sur les jeunes femmes ? Sur les professionnels de la santé et de l’assistance médicale à la procréation ? Sur la société française ?

J’aimerai qu’il fasse avancer le débat et participe à une réflexion générale sur cette question de la préservation de la fertilité, mais aussi sur le don d’ovocyte en France. Car faute de communication et par manque de donneuses, les couples partent pour l’étranger, alors qu’ils entrent dans le cadre législatif français, ce qui me paraît aberrant

Est-ce que vous voulez défendre  dans ce documentaire le droit des femmes à disposer de leur corps, aidées en cela par les progrès de la médecine de la reproduction ?

En fait je pense qu’il faut s’adapter à la société dans laquelle on vit, et aujourd’hui c’est un fait, les femmes font des enfants de plus en plus tard alors que leur réserve ovocytaire diminue, et d’autre part pour des raisons environnementales l’infertilité gagne du terrain…Des avancées médicales permettent aujourd’hui de répondre en partie à ces problèmes, il faut donc communiquer sur ces méthodes en comprendre les enjeux, les risques aussi.

Et d’un point de vue tout à fait personnel, si une de mes filles était victime d’un cancer, d’une endométriose, je lui conseillerai vivement de préserver ses ovocytes…Ou si elle ne rencontrait pas le père de leurs enfants avant 30 ans , ou qu’elle soit obligée d’assurer leur stabilité financière avant d’envisager d’avoir un enfant dans une société en crise économique continue, je leur conseillerai de faire de même

Vous traitez d’un sujet que nous considérons comme très moderne, qui peut s’envisager grâce aux progrès de la technique médicale de l’A.M.P. et aux évolutions sociales, mais un sujet qui porte encore aujourd’hui à controverse. Pensez-vous que la France puisse rattraper rapidement son retard éthique, juridique et législatif vis-à-vis de ces questions (don d’ovocyte, autoconservation hors cadre médical, etc.) ?

Ce ne sera pas simple mais comme le montre mon documentaire, de nombreux spécialistes tentent de faire progresser les choses…Des membres du GEDO en particulier sont très actifs. Et en matière d’ AMP, la France forme des médecins ultra-compétents, mais après ils n’ont ni les moyens techniques ni financiers ni politiques, de mettre en pratique leur savoir faire indéniable. Et beaucoup d’entre eux en souffrent je crois…et certains font d’ailleurs le choix d’exercer à l’étranger.

Avez-vous envisagé une diffusion spécifique pour les professionnels de l’A.M.P., les gynécologues ? Auprès des étudiants en médecine ? Auprès des jeunes dans les lycées ? Permettant ainsi de diffuser largement votre documentaire.

Pour l’instant nous sommes dans l’attente d’une date de diffusion, mais le documentaire participera à différents festivals (FIGRA, FIPA, Festival du Film de Femmes…). Ensuite nous verrons.

Pensez-vous que l’action mise en œuvre par le collectif BAMP puisse aider, comme votre documentaire, à faire réfléchir la société française afin qu’elle évolue sur l’ensemble des  questions relatives de la fertilité et de l’infertilité ?

Tout à fait…je pense que les initiatives collectives de personnes concernées par ses problèmes sont un des élément important qui peuvent faire progresser le débat et surtout qui font de ces combats individuels un combat universel.

Êtes-vous BAMP ?

A vous de me le dire !

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