Le don relationnel hors la loi ?

Le don relationnel, est le terme usité par les centres d’AMP, les Cecos, pour parler des personnes qui font des dons de gamètes (spermatozoïdes et ovocytes) suite à leur « recrutement » par un couple en attente d’un don.
Le rapport de l’IGAS de 2011 dénonce ce don relationnel, expliquant qu’il est hors la loi de bioéthique qui dit que le don doit être ANONYME et GRATUIT.
Hors comment certifier qu’il soit anonyme, mais surtout gratuit dans le cadre d’un don relationnel ?
Imaginez que je sois dans cette situation d’une attente interminable pour recevoir un don de spermatozoïdes. Mon voisin, mon cousin, le copain de mon voisin, le cousin de mon voisin se laisseraient volontiers tenter par un don, suite aux longues conversations que nous avons eu avec eux. Mais ils ne sont pas encore vraiment décidés, par contre nous n’avons plus le temps d’attendre et d’attendre encore. Alors au détour d’une nouvelle conversation sur ce sujet, nous proposons 250 euros pour qu’il se décide à aller faire ce don, le plus tôt possible. Nous permettant ainsi de remonter dans l’interminable liste d’attente du cecos.
Justement, il devait réparer sa voiture qui était cassée, mais les travaux coutaient 675 euros. Pour cette sommes, il est ok pour aller faire un don, même deux ! Banco, nous sommes ok, pris à la gorge par l’absence de cet enfant qui dure depuis trop longtemps. Notre espoir est là !
L’espoir de pouvoir tenter une FIV avec don de sperme. Nous contactons donc le cecos dès le lendemain. « bonjour nous avons un donneur. C’est le cousin de mon voisin, il est jeune et tout à fait convaincue par l’altruisme de son généreux geste« .
Voilà un don relationnel qui s’engage au cecos du coin……….oui, sauf que nous sommes hors la loi. Car nous rémunérons notre Cher voisin-cousin-copain. Oui, nous le rémunérons pour qu’il se décide plus rapidement à faire ce don.
GRATUIT ? Non, nous avons payé.
ANONYME ? Non,  nous savons que cet homme va donner son sperme, certes pas pour nous, mais nous savons, nous détenons une information très privé sur cet homme.
L’histoire fonctionne de façon identique avec une femme qui donnerait ses ovocytes pour nous faire remonter dans l’interminable liste d’attente du cecos du coin.
Les CECOS, les centres d’AMP, savent que les choses peuvent se passer comme ça, mais tout le monde fait comme si de rien n’était. Le rapport de l’IGAS de 2011 préconise que ce mode de recrutement, soit abandonné car hors la loi.
Est-ce plus honorable de faire semblant, que de changer la loi ?
Le collectif BAMP ne veut pas faire semblant !

Commentaires à propos de cet article (8) :

  1. Il y a une vraie réalité dans ce parcours AMP, avec tous les manquements…
    Il y a tant à faire et à dire …
    Pourquoi fermer les « yeux » sur des pratiques qui se font ? Et que tout le monde sait ?
    Et On crie au scandale lorsque l’on évoque une possibilité de rémunérer les donneuses…
    le débat est ouvert …

    1. Il n’y a pas de décision à prendre, juste mettre en avant les incohérences du système français actuel.
      Le nombre de donneur n’est pas suffisant pour couvrir les besoins.
      Et pour palier à ce manque, les cecos ont glissé vers cette pratique du don relationnel (tu as besoin d’un don, vient avec un donneur).
      Pratique qui est dénoncée par le législateur lui-même, lire le rapport de l’IGAS en date de 2011 sur le don d’ovocyte.
      Le système se bloque de lui même, car ils refusent d’ouvrir la possibilité du don aux personnes nullipares, ils refusent de rémunérer les potentiels donneurs. Et la pratique du don relationnel est utilisée, alors qu’elle est contraire à la loi, pour tenter de rendre la situation du don de gamète en France, un peu moins pire que ce qu’elle serait si le don relationnel n’était pas pratiqué.
      Pourquoi donc ne pas changer le système pour tenter, comme cela se pratique ailleurs, d’avoir le nombre de donneur nécessaire pour répondre aux besoins ? Non, on préfère garder un système qui ne fonctionne pas correctement (plusieurs années d’attente pour recevoir un don de gamètes en France, un nombre très limité de tentative par couple, partage des ovocytes d’une donneuse entre plusieurs receveuses), au lieu d’essayer de mettre en place un système correspondant aux besoins actuels.
      Nous proposons au moins de pouvoir en débattre, d’où cet article un poil provocateur.

  2. La 1ère fois que j’ai entendu parlé de don d’ovocytes et qu’on nous a indiqué qu’il fallait trouver une donneuse en France pour pouvoir remonter dans la liste d’attente interminable… J’étais sidérée et je me voyais pas faire du racolage, je trouve ça bien hypocrite comme façon de faire. Nous nous sommes du coup orientés à l’étranger où dans la somme forfaitaire à payer est compris les examens et traitements de la donneuse ainsi que son dédommagement. Je trouve que ça a le mérite d’être plus clair !

  3. Tout ça est tellement tabou! Aujourd’hui donner sont sang, sa moelle ou ses organes, est normal et même valorisé (on peut manquer son travail pour cause de don de sang!)
    Pour arriver a cela, il a fallu communiquer sur le sujet, alors pourquoi ne communique t on pas sur le don de gamète??!! Qu’on ne vienne pas nous dire qu’on ne communique pas sur du don anonyme par soucis ethique, car il a bien une réelle communication sur le don du sang et d’organes alors que ceux sont eux aussi des dons anonymes et gratuits.
    Quand est ce que le gouvernement et les décideurs arrêterons de faire semblant?….

  4. N’étnt pas directement concernée par le don de gamète, j’ai appris très récemment auprès de personnes plus expérimentées que des femmes proposent d’aller faire un « don » en vous parrainant pour plusieurs milliers d’euros sur des forums… Les couples desespérés d’attendre et de ne pas avoir de véritble dinneuse dans leur entourage cèdent alors à ces belles promesses… La marchandisation existe déjà au détriment des couples, ne nous voilons pas la face, la politique de l’autruche ne fait pas avancer les choses même si elle aide les « bien pensant » à se sentir mieux dans leurs baskets : « indemniser un donneur? Han naaaan ja-mais, c’est anonyme et gratuit! ». Mon oeil, arrêtons de croire à la petite souris…
    En étudiant réellement la question, en ouvrant le débat, nous ne pouvons qu’améliorer la situation du don de gamète en France.

    1. Oui LILA, des sites internets proposent depuis déjà un bon moment de mettre en relation des donneurs, des donneuses et des receveuses, en dehors du cadre légal, de la protection médicale, légale, éthique nécessaire.
      Ces sites sont par ailleurs dans le collimateur de la puissance publique.
      BAMP demande qu’un réel débat puisse exister pour remédier à ces hypocrisies du système français.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *