Mentir à son gynécologue – Témoignage

Si des gynécologues lisent ce blog, ils faut qu’ils sachent d’une part que nous en sommes ravies et d’autre part oui parfois nous mentons. Mais nous mentirions moins si nous pouvions être dans un véritable dialogue constructif avec vous, nos chers gynécologues. Si nous pouvions DIALOGUER, vous avec vos connaissances médicales et nous avec nos connaissances empiriques, la connaissance du fonctionnement de notre corps procréatif. Cela existe des gynécologues qui acceptent d’écouter leurs patients, qui acceptent d’entendre leurs patients, qui acceptent de réellement échanger avec leurs patients. Tout ça dans un seul but, optimiser le parcours amp, rendre la prise en charge plus « humaine » et moins « froidement technique ». Donc voici le témoignage d’une femme qui a menti à son gynécologue, car cette dernière ne voulait pas entendre que peut-être il faudrait faire autrement pour tenter d’obtenir une  grossesse.

Témoignage de PMAtomic

Pourquoi et comment j’ai menti à mon gynéco…
Lorsque je regarde notre parcours pmesque, avec le recul je le trouve vertigineux.

Mais en réalité c’est comme pour pleins de moments de vie, on avance pas à pas, on tombe, on s’effondre, on se relève, on se protège, on expérimente, on apprend…

Jeune, le désir d’enfant était loin d’être une évidence.
Je me disais : un jour j’en aurai, quand ce sera le moment.

C’est avec Hom rencontré il y a 13 ans que le désir est venu, pas avec un autre, je savais qu’il serait un père merveilleux ; avec lui à mes côtés, je me sentais capable d’être mère.

Sauf que voilà après plusieurs mois d’essais au naturel, et quelques examens plus tard, nous avons appris l’OATS extrême (due probablement à une opération tardive d’une ectopie testiculaire). La plus mauvaise nouvelle de la vie d’Hom. Les médecins semblaient néanmoins confiants notamment avec les techniques ICSI/IMSI et mes « très » bonnes réponses aux traitements. D’après certains nous devions continuer, car nous avions des embryons, jusqu’à mes 43 ans.

Sinon envisager à ce moment- là un don en Espagne… On voit qu’ils ne subissent pas les traitements!
Bref nous avons fait 5 Fiv, 1 ICSI et 4 IMSI, avons eu de beaux embryons, de moins beaux, des J2, des J3, des blastos, des TECs…5 longues années.
Jamais l’ombre d’une accroche…

Ma gynéco nous a alors proposé le don. Elle avait longtemps travaillé dans un CECOS et connaissait bien démarches et médecins.
Au vu des examens, le CECOS nous a proposé de repartir à zéro : 6 IAD et 4 FIVDO (pour la sécu, IAD et FIV prises en
charge). J’avoue que vu notre parcours je ne me sentais pas de subir encore autant de traitements ; je m’interrogeais sur l’opportunité à se faire du mal, pour un bien qui ne viendrait peut-être jamais. Nous nous sommes fixés 4 IADs +
éventuellement 1 FIVDO.

Nous avons fait de longues pauses surtout dans les derniers traitements FIV, un essoufflement et l’abandon de l’innocence du débutant qui enchaîne persuadé d’un résultat rapide, pour essayer de ne pas perdre de vue l’objectif –élever un enfant- ; notamment plus d’1 an entre le dernier TEC de FIV5 et IAD1, même si au vu de mon âge je n’avais « que » 6 mois d’attente
avec le CECOS, mais nous voulions réfléchir, accueillir, retrouver le goût de vivre ensemble sans les traitements et profiter de cet espoir que suscitait cette possibilité ouverte par un don. Je voulais aussi prendre le temps de me redécouvrir, reprendre une activité physique plus régulière car dur de tenir un rythme correct en pma.
J’ai pris du recul pour que ma vie ne tourne plus autour de la PMA. Oui 5 ans ça a de quoi rendre chèvre ! Si l’insémination devait tomber en gros sur un w-e que nous avions prévu, des vacances ou autres, bref si c’est un mauvais timing, je reculais sans scrupule.

J’ai dû tout essayer : vivre « normalement », 2 semaines les pieds en l’air dans le canap’, remplir ma vie d’activités pour moins penser (sans toutefois aller jusqu’au saut en parachute), parler tous les jours aux embryons, les « snober »…J’ai eu le temps d’essayer la sophro, la psy, l’acupuncture, le shiatsu…seul le magnétiseur n’a pas reçu notre visite!

Bref à la 4e IAD, le miracle de la vie s’est produit. Et presque 9 mois plus tard notre enfant était dans nos bras. Un enfant joyeux, heureux, merveilleux qui nous emplit de bonheur.

Dans l’euphorie de cette naissance et vu nos âges avancés, nous avons souhaité défier encore une fois la nature qui avait longtemps été si cruelle.
J’ai demandé à mon généraliste la liste des dosages, amh, fsh, lh etc… Que j’ai fait à mon retour de couches et nous sommes allés retrouver le CECOS.
Au vu des résultats, ils ont acceptés notre dossier, avec même d’éventuelles IADs si notre gynéco les jugeait pertinentes malgré mes 40ans passés.

Attention c’est maintenant que cela devient technique.

Nous sommes repartis sur un protocole d’insémination presque identique aux précédents: 150 de menopur tous les jours ( au lieu de tous les 2 jours 2 ans auparavant: la réserve ovarienne a vieilli!) avec un déclenchement ovitrelle à J9/J10 ( mes ovaires réagissent vite… Avec 1 ou 2 ovocytes possibles)
Sauf que……..pour la tentative qui a réussi, la gynéco avait poussé le protocole 2 jours de plus pour « donner sa chance » à un petit trainard que les taux d’hormones laissaient envisager. Et avec un bel endomètre ( autour de 10), un des 2 ovocytes l’énorme (25mm) ou le petit ( 16mm à J12) rencontra sa moitié pour donner notre bébé.

Alors malgré mes tentatives pour souligner ce phénomène, le gynéco s’entêta 3 fois à me déclencher vers J9/J10 avec un endomètre autour de 5/6…
A la 4e IAD, n’ayant aucune envie de repasser en FIV, lorsque la secrétaire m’appela le lundi pour un déclenchement le mardi (J10) avec insémination programmée le jeudi, je décidais après moultes tergiversations, de continuer mon traitement, de refaire une écho et un dosage le mercredi, et de rappeler la secrétaire le soir. En me disant que le déclenchement se ferait soit le soir même, soit le lendemain.
Quand j’appelais la secrétaire je jouais à la bécasse (après plus d’une quinzaine de tentatives tout traitement confondu!) en disant que j’étais « dans les choux » le lundi, en jouant l’éplorée car  » la tentative était sans doute fichue etc… »
Après consultation du gynéco, la secrétaire me rappela pour « rattraper ma bêtise » et programmer l’insémination le samedi ( la gynéco des ponctions et inséminations du vendredi étant absente…).
Hasard ou chance ( sans doute un peu des deux) la suite me donna raison : le miracle se produisit une seconde fois, nous attendons un 2e enfant pour très bientôt.

Avouant mon « forfait » à ma gynéco, elle ne revint pas sur la possibilité qu’avec le déclenchement à J10 ( ovocyte à 17mm et un taux correspondant) la tentative pouvait marcher…
En revanche en discutant avec ma gynéco actuelle qui fait mon suivi de grossesse ( et qui fait également de la pma) elle admet que parfois pour les inséminations ils ont tendance à déclencher trop tôt…

Je ne suis pas médecin mais à force de traitements j’ai appris à connaître mon corps. Une piste serait peut-être pour les femmes qui ovulent (normalement ou avec traitement sans déclenchement programmé), de regarder la taille de leur ovocyte à l’ovulation « naturelle ». Ou peut-être en insémination ( et pourquoi pas en fiv) de tenter des stimulations avec 2 ou 3 jours en + ou en moins ( s’il n’ y a bien sûr pas de risque d’hyperstim´…)

Je crois malheureusement qu’il n’y a pas de recette miracle en pma ( désolée en vieille routarde je ne dis pas amp), même si nous avons trouvé la nôtre. Mais il faut apprendre à connaître son dossier, essayer de connaitre les techniques et les protocoles, ne pas hésiter à recadrer les médecins qui voient 20 patients par jour sur son cas personnel, refuser que rien ne change d’une tentative à l’autre et au besoin aller voir un autre médecin pour avoir un autre éclairage.

Bref s’informer et informer comme BAMP le fait si bien.

BAMPement vôtre,

PMAtomic

Commentaires à propos de cet article (10) :

  1. Je ne sais pas si on peut vraiment dire qu’il s’agit de mentir à son gynécologue quand on est à l’écoute de son corps. Nous sommes les mieux placées à mon sens au niveau du ressenti et le gynécologue a toute la journée vu défiler des patientes et peut parfois se présenter comme un technicien. J’avais été sidérée en PMA de recevoir un protocole photocopié et identique et je ne me sentais pas du tout prise en compte dans mon individualité. Par chance j’ai rencontré mon gynéco (le bon, le 5ème) avec lequel il y a un dialogue possible même si c’est lui le maître d’orchestre je me sens en toute légitimité de revendiquer mes choix mais cela est dû aussi à mes nombreuses années de traitement qui me permettent d’être considérée comme une vieille routarde PMA.

  2. Bonjour.
    Un grand merci pour ton témoignage. Je pense que parfois il est judicieux de s’écouter soi-même plutôt que les medecins… Ta gynécologue dit qu’on déclenche souvent tôt pour les iiu… Je me pose une question… J’ai eu ma première insémination le 14 avril, un lundi. Ma dernière écho et dernière prise de sang dataient de jeudi. Comme ovulation était proche et que mon centre ne fonctionne pas le week-end j’ai du me faire des injections de lh et de « bloquant » le jeudi et vendredi, déclenchement le samedi à 21h et insémination le lundi vers midi, soit plus de 36h après le déclenchement… Or, lors de mon rdv avec la biologiste, elle m’avait dit qu’il fallait que les spermatozoïdes soient déjà présents avant ovulation et que donc l’insémination devait se faire le lendemain du déclenchement… Alors qui a raison ? Je dois avoir ma deuxième insémination mardi et on me demande de déclencher l’ ovulation ce soir à 21h…

    1. Si tu te pose encore ces questions, il faut en reparler avec ton médecin. POur pouvoir vivre tes protocoles de façon plus sereine et en ayant l’impression de faire ce qui est le mieux.
      Souvent la difficulté réside dans le fait que la communication avec les médecins n’est pas bonne, ce qui peut entrainer des interrogations non résolues et des situations incertaines.
      Le conseil s’est de pouvoir re-discuter de tout ça avec ton médecin.

      1. Il faut toujours dialoguer au maximum avec son médecin comme dit Irouwen. Lors des FIV, ma gynéco a toujours cherché un traitement adapté, testé une nouvelle technique, essayé sans relâche… Mais l’insémination chez elle c’est un peu le parent pauvre, on applique la recette ( taux d’oestradiol > à…, taille follicule > à…, pour l’ endomètre on ne regarde pas trop).
        Pour répondre à ta question, le déclenchement se fait toujours 36 à 40 h avant la ponction en FIV, et en insémination aussi même si la fenêtre en IA est plus large qu’en FIV. Le site fiv.fr en lien ici explique bien les traitements.

      2. Je sais à présent pourquoi ce laps de temps est nécessaire entre le déclenchement et l’insémination. On ovule en général 36 à 53H après le déclenchement et on considère qu’un ovule reste fécondable 16H. Les spermatozoïdes inséminés ayant déjà effectué leur capacitation (en labo) sont prêts à féconder l’ovule. Les délais sont donc tout bons.

  3. J’aime beaucoup ton témoignage, et ajoute même pour celles qui n’ovulent pas seule. Je constate juste que la seule fois où j’ai été enceinte les follicules étaient au-dessus de 22 mm et mon endomètre à 9,5 mm. Depuis, cela ne s’est jamais reproduit, pas faute de saouler gygy là dessus depuis. Alors oui, je vais encore et encore en parler, et si je ne suis point écouté, comme à l’un de mes précédent cycle, je gérerai la dose juste au dessus, et voila. On moins je n’aurai pas de regret.
    Merci
    Bises

    1. Ma réponse dans le commentaire à suivre. C’est la première fois que j’arrive à commenter. Youou!

  4. Il ne faut pas regretter en effet! Ce n’est pas tant une question de dose qu’une question de temps pour qu’endomètre et follicule(s) grossissent. Avec blocage évidemment…
    Bon courage pour ces dates si difficiles en espérant toujours le meilleur jusqu’au bout.

  5. C’est dingue je me reconnais tout à fait dans ton témoignage !
    Après X traitements je connaissais parfaitement mon corps et certaines choses me paraissaient peu logiques. J’ai une phase folliculaire naturellement assez longue (18j.) or pour chaque traitement entre J10 et J14 c’était plié.
    J’ai fini par me dire que cette croissance rapide n’était pas bonne pour mes ovocytes et j’ai demandé à faire ma 4ème IAD sur cycle naturel (passage en IAD après FIV également pour moi). Il a fallu insister un peu, pour être honnête si mon gynéco avait refusé je l’aurai fait quand même, mais il a accepté… et ça a marché (la suite est moins joyeuse, IMG à 27SA).
    De retour en PMA, puisque le cecos nous donne à nouveau un délai d’attente nous avons décidé de retenter qq FIV mais j’ai négocié des FIVnat (enfin semi nat : j’ai une stim légère et un blocage lorsque le follicule arrive à 12-14mm). La première : ponction à J14, ovocyte mûr à priori mais pas de fécondation. J’entame la seconde et je suis décidée à donner mon avis, il faut pousser plus loin…
    Et si nous revenons aux IAD je compte bien prendre les choses en main également.
    Bravo à toi d’avoir su t’imposer, félicitations pour tes bébés.

  6. Bonjour merci pour votre temoignage , ce n est pas toujours évident de faire comprendre à notre gyneco ce que notre corps ressent et nos comparaisons au fil des traitements
    par contre vous parlez des 36h et 40h pour un déclenchement mais ce n est pas respecté je fais faire ma piqure le samedi soir selon l heure indiquée et la ponction se fait le lundi matin … Du coup j ai pris note et je lui en parlerais 🙂

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