Où en est le don d’ovocytes en France? (Le Figaro, 04/09/2012)

Où en est le don d’ovocytes en France?

Par figaro iconJoëlle Belaisch Allart – le 04/09/2012
AVIS D’EXPERTS – La réponse du Pr Joëlle Belaisch Allart, vice-présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et chef du service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction (centre hospitalier des Quatre Villes, Sèvres).
 
Oui! Contrairement à des idées fausses, trop souvent répandues, le don d’ovocytes existe bien en France et il est parfaitement légal! D’après le bilan publié en 2011 par l’Agence de la biomédecine, 933 transferts d’embryons après dons d’ovocytes ont été réalisés en France en 2009, et 290 enfants sont nés de ces transferts. Si nous sommes loin des milliers de dons d’ovocytes espagnols, nous sommes en progrès: 2008 n’en comptait que 663 et 2007 que 632. Le don d’ovocytes est donc devenu une réalité dans notre pays.

18 mois à 2 ans d’attente

Cependant, il faut constater qu’il n’est pas si facile d’en bénéficier et que nos délais d’attente sont de 18 mois à 2 ans. Le nombre de demandes annuelles est très difficile à connaître dans la mesure où beaucoup de couples vont directement à l’étranger, sans passer par les centres français. Selon les estimations d’une mission réalisée par l’Inspection générale des affaires sociales, si l’on reste dans le cadre de la loi française et de la prise en charge par l’Assurance-maladie (couples hétérosexuels, femme de moins de 43 ans), la demande réelle serait comprise entre 1500 et 6000 couples.
Le don d’ovocytes est essentiellement destiné à des femmes en âge de procréer, souffrant de ménopause précoce ou encore d’insuffisance ovarienne prématurée. L’Assurance-maladie rembourse les traitements de l’infertilité jusqu’au 1er jour du 43e anniversaire. Dans des cas beaucoup plus rares, le don d’ovocytes a pour but d’éviter la transmission d’une maladie génétique grave. Le don d’ovocytes est l’équivalent de celui de sperme sur le plan biologique ; cependant, il est infiniment plus simple (bien que tout aussi noble) pour un homme de donner son sperme que pour une femme de donner ses ovocytes. Pour le faire, il faut subir une stimulation de l’ovulation par injections sous-cutanées et accepter une (petite) intervention sous anesthésie (locale ou générale) pour la ponction d’ovocytes. Deux consultations préalables dans le centre de dons d’ovocytes sont également nécessaires.

Manque d’information

Qui peut donner ses ovocytes? Selon la loi française, le don d’ovocytes doit être anonyme et gratuit. La précédente loi de bioéthique (2004) stipulait que les donneuses devaient avoir déjà été mères: étant donné le recul de l’âge moyen de la maternité en France (30 ans), nos donneuses frôlaient donc les 35 ans, un âge auquel, justement, les chances de grossesses commencent à chuter! Dans la nouvelle loi de 2011, les femmes qui n’ont pas encore eu d’enfants sont autorisées à donner leurs ovocytes et se voient proposer la conservation d’une partie d’entre eux pour elles-mêmes. Cependant, comme l’a rappelé l’Agence de la biomédecine, le décret d’application de la loi devant être signé, à l’heure où ces lignes sont écrites, seules les femmes déjà mères peuvent donner leurs ovocytes, chez nous.
Peu de femmes, en France, en donnent. Pourquoi? … la suite ICI.

Commentaires à propos de cet article (4) :

  1. Oui, le don d’ovocyte est légal ! 2 membres du personnel du CHU (une infirmière et une anesthésiste) ne le savaient pas !! « Vous êtes allée à l’étranger alors parce que c’est pas possible en France ? » Garder son calme et tout expliquer (l’infirmière c’était pour mon curetage en 2012 et j’ai fini le rdv en lui expliquant le fonctionnement d’une FIV DO en France !!). A chaque fois je trouve ça dingue …

  2. Je suis en attente d’une fiv icsi et j’ai donné mes ovocytes il y a 2 ans (peu avant le début de nos essais).
    Le parcours pour le don est extrêmement long et compliqué, il faut être vraiment motivée. Et je pense que c’est ce qui rebute celles qui entament les démarches. C’est long, pénible et coûteux (même si c’est remboursé, il faut avancer des frais).
    Les donneuses ne sont pas toujours bien accueillies et laissées dans le flou (c’était le cas dans mon CECOS). On m’a laissé gérer des coups de fil, des faxes parce qu’ils n’avaient pas les résultats et même des échos de dernière minute (démerde toi!).
    Je ne vois pas comment, dans ces conditions, on peut espérer obtenir plus de donneuses…

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