Baby baby – Marianne GROVES

Aujourd’hui, nous souhaitons vous faire découvrir un livre que nous avons vraiment adoré : « BABY BABY » de Marianne GROVES. Livre qui est sorti au mois d’octobre 2014 aux éditions Intervalles.

baby baby
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Une fois que vous l’avez entre les mains, vous ne pouvez plus le lâcher. Et c’est ensuite l’émotion qui vient vous chatouiller les glandes lacrymales, qui accélère votre cœur. Des émotions devrais-je dire, car Marianne GROVES écrit si bien ce qui occupe son corps et son esprit, pendant cette traversée vers l’autre monde : la parentalité. A la lecture de ce livre,  c’est vous qui êtes traversée par de multiples émotions.  La filiation dans le cadre d’un don de gamètes, qu’est-ce que c’est, comment cela se construit ? Devenir père alors qu’on est ni à l’origine du projet, ni celui qui a donné ces gamètes, comment cela advient  ?

« J’ai beaucoup aimé, le style qui s’en dégage, légèreté et profondeur.
Humour et Amour. Sensibilité et imagination qui nous font voir des petits signes que l’on croit recevoir de nos ancêtres. Signes qui nous aident à tenir face aux angoisses, à la peur éprouvées. Mais pas d’apitoiement. Un livre remplit d’énergie et d’auto-dérision. Un livre qui parle du chemin, certes personnel et particulier que nous faisons pour arriver jusqu’à nos enfants. Chemin qu’un homme fait aussi pour arriver à décider qu’il va être LE Père. Mais aussi chemin universel d’un désir de porter la vie, de la donner, grâce à cette invention médicale qu’est l’AMP.

 Les allers et retours entre ce qui se passe au plus profond de l’utérus de l’auteur, de sa tête et ce qui se passe dans la rue, dans sa vie professionnelle apportent une dimension vraiment intéressante au texte. Ouvrant le lecteur sur le contexte social des années 2012-2013, souvenez-vous ce n’est pas si loin. Éloignant le regard du seul nombril de l’auteur pour le tourner vers ce qui fait aussi la vie, même lorsque l’on est enceinte :  le boulot, les amis, les emmerdes. On sent la vie qui circulent dans son corps, dans les rues, c’est un livre riche, visuel.
 J’ai été ému par de nombreux passages, révolté par d’autres, comme la prise en charge de son accouchement notamment. » Virginie
 
 Les témoignages de personnes « publiques » Françaises sur leur infertilité et leur parcours d’AMP, étant quasi inexistants, cela n’aide pas les quidams de l’infertilité à se sentir soutenus et compris. Nous pensons que ce livre, qui raconte une histoire particulière, éclaire d’un angle très pertinent bons nombres d’autres histoires particulières qui ne s’expriment pas sur la scène publique.

 Un livre à lire et à faire lire sans modération !

Nous vous laissons découvrir les réponses que Marianne GROVES a donné à BAMP cette semaine.

« Je me fous des statistiques. Voir du pays, le redécouvrir, trouver des chemins. Inventer le mode d’emploi. Demander la lune. Retrouver la chronologie« .
BAMP :  Pouvez-vous vous présenter ?
Marianne GROVES : Je suis une veinarde. A 50 ans, je suis la jeune maman de deux merveilleuses petites personnes d’un an et demi chacune. Comme toutes les mamans de jumeaux, quel que soit leur âge, je suis la plus fatiguée et la plus heureuse du monde, et il me manque 24 heures par jour pour faire face à la totalité de ma nouvelle vie. A part ça, je suis aussi auteur, traductrice et metteur en scène.
BAMP : Pouvez-vous nous présenter votre parcours d’AMP ? D’ailleurs l’envisagez-vous comme un parcours ?
Marianne GROVES :  J’ai vécu ce chemin vers mes enfants comme une suite de parenthèses miraculeuses, et assez peu préméditées. Au terme d’un long parcours d’adoption ayant échoué, j’ai découvert avec stupéfaction (je ne le savais pas du tout!) que je pouvais devenir maman pour de bon, porter mes enfants, grâce à la PMA espagnole. J’ai avancé au jugé, comme une aveugle dans une piscine très profonde. Et rapidement, l’eau m’a portée… Pour moi, le M de PMA signifie Miracle.
BAMP : Vous considérez-vous comme une femme infertile ou comme une femme qui a « ratée » l’heure de sa fertilité ?
Marianne GROVES : Je n’étais pas infertile. J’ai effectivement raté l’heure, comme beaucoup de femmes de ma génération, je pense.
BAMP : Avant de recourir au double don de gamètes, avez-vous envisagé une autre technique d’AMP pour essayer d’avoir des enfants ?
Marianne GROVES : Je m’étais renseignée en France avant d’atteindre 42 ans et les réponses à mes questions m’avaient complètement découragée, à l’époque.
BAMP : Le double don de gamètes s’est-il imposé de suite comme la solution pour vous ? Où avez-vous du y réfléchir, soumise aux doutes et aux enjeux de cette configuration procréative particulière ?
Marianne GROVES : J’ai non seulement beaucoup réfléchi avant d’agir, mais également traité le sujet au cours de ma psychanalyse. Pour prendre la responsabilité de mettre au monde des enfants au destin aussi exceptionnel, je me suis dit que la moindre des politesses était de leur balayer un petit coin de terrain bien propre, afin de préparer leur atterrissage…
BAMP : Alors « folle » ou « héroïne des temps moderne » ? Avez-vous définitivement choisi votre définition ?
Marianne GROVES : Un an et demi plus tard, la définition s’est extrêmement simplifiée. Maman. Ça résume tout.
BAMP :  Qu’elle a été ou qu’elles ont été les motivations pour l’écriture de ce livre ?
Marianne GROVES : L’envie de raconter leur histoire à mes enfants, et de leur faire gagner du temps, plus tard, lorsqu’ils devront traiter leur propre réalité, sachant que l’être humain n’a aucun souvenir avant l’âge de 3 ans environ et que leur mère ne sera pas éternelle…
BAMP : Combien de temps avez-vous travaillé à l’écriture, quand l’avez-vous écrit ?
Marianne GROVES : J’ai écrit au fur et à mesure de ma grossesse. A l’approche du terme je me suis contentée de prendre des notes sur ce qui me tombait sous la main, iphone ou petit carnet. Quelques semaines après la naissance des enfants, j’ai trouvé l’énergie de terminer le récit à partir de mes notes. J’ai passé beaucoup de temps sur cette écriture, par plaisir pur de le faire.
BAMP : Pourquoi avoir éprouvé le besoin de l’écrire puis de le partager avec d’autres personnes ?
Marianne GROVES : Au départ, je souhaitais juste obtenir l’avis d’Armand, le fondateur des éditions Intervalles, dont je respecte beaucoup le travail et avec qui nous avons œuvré à la publication de plusieurs ouvrages anglo-saxons. Armand avait poliment et élégamment pris beaucoup de gants en acceptant de me lire (tu sais, je ne suis pas une femme, je n’ai pas d’enfant, je ne sais pas si je me sentirai concerné, mais je te lirai avec plaisir). Trois jours plus tard, il m’a rappelée. Il n’avait pas lâché le livre de la nuit et souhaitait le publier, même si le sujet était assez éloigné de sa ligne éditoriale habituelle. J’ai l’habitude de croire la vie lorsqu’elle semble décider pour moi. C’est ce que j’ai fait, une fois de plus.
BAMP :  Quel type de lectorat souhaitez-vous toucher ou imaginez-vous pouvoir toucher ?
Marianne GROVES : J’ai reçu récemment un témoignage très touchant, celui d’une jeune femme qui me disait qu’elle avait retrouvé le courage de se battre et de vivre en me lisant. Je ne sais pas quels problèmes elle devait affronter, mais c’est exactement ce à quoi je voudrais que ce livre serve. Si je peux donner envie à d’autres personnes de croire en leurs rêves, quels qu’ils soient, j’aurai l’impression de rendre un peu à la vie le cadeau qu’elle m’a fait en m’offrant la naissance de mes deux enfants.
 
BAMP : Avez-vous des retours de lecteurs (infertiles/ fertiles)? Comment ont-ils réagi à votre témoignage ?
Marianne GROVES : Je n’ai pas encore reçu de témoignage en ce sens.
BAMP : Avez-vous prévu une promotion « grand public » pour votre livre ?
Marianne GROVES : Notre attachée de presse relance sans relâche les journalistes, qui s’acharnent pour l’instant à ne pas nous lire…
BAMP : Est-ce une forme de témoignage en hommage à la modernité reproductive que plus en plus de gens sont amenés à vivre ?
Marianne GROVES : C’est un hommage à la modernité tout court. Je suis heureuse de vivre au 21eme siècle, même si les temps de la planète ne sont pas spécialement roses.
BAMP :  Avez-vous conscience que votre livre a toutes les chances de devenir une référence pour beaucoup de couples infertiles, du fait des différents thèmes en lien avec l’infertilité qu’il aborde : double dons de gamètes, l’âge auquel votre grossesse s’est déroulée, témoignage sans honte et sans tabou.
Marianne GROVES : Mon histoire n’est qu’un cas particulier parmi tant d’autres, et elle ne peut certainement pas avoir valeur de référence. Mais encore une fois, si elle peut donner envie de rêver et d’oser vivre sa vie, dans le respect des enfants à naître, tant mieux !
BAMP : Les témoignages sur le recours au double don de gamètes étant quasiment inexistant dans la sphère publique, avez-vous conscience que vous levez un tabou avec ce livre ?
Marianne GROVES : Honnêtement, non, pour moi le seul tabou tragique, c’est le mensonge et l’ignorance.
BAMP :  Finalement, votre livre n’est-il pas, quand même, à votre corps défendant une réponse aux mouvements contestataires (anti-pma) qui ont marqué les mois de votre parcours d’AMP puis de grossesse ?
Marianne GROVES : J’ai été stupéfaite de suivre tout ça, de voir avec quel acharnement de braves mères de famille allaient piétiner dans le froid pour hurler contre les bébés des autres… Je ne sais pas à quoi touche ce sujet mais il est clairement épineux. La lignée, la descendance, l’ascendance, la race, le sang… Il me semble tout de même que la science moderne va balayer tranquillement un certain nombre de faux-sens sur tous ces sujets.
BAMP : Votre livre aborde les questions, en quelques évocations légères, que vous vous êtes posée vis à vis du recours au don de gamètes. Est-ce parce que vous n’avez pas souhaité en dire plus, où n’y avait-il rien de plus à en dire ?
Marianne GROVES : Ce livre est dédié, et destiné, à mes enfants. J’ai souhaité partager avec eux ce qui nous concernait, tous les trois, puis tous les quatre lorsque leur papa s’est joint à nous. Mais je ne rentre pas plus avant dans une réflexion théorique, pour laquelle je ne me sens pas spécialement compétente…
BAMP : Dans votre livre vous posez quelques questions sur l’impact du double dons de gamètes, est-ce que la naissance de vos enfants a changé votre façon d’envisager ces questions ?
Marianne GROVES : La naissance de mes enfants a quasiment tout effacé, à dire vrai. Lorsque le livre a été publié, je l’ai repris pour le parcourir rapidement, et je me suis félicitée de l’avoir écrit: j’en avais déjà quasiment oublié la moité! Un an et demi plus tard, je vis pleinement ma vie de famille, et c’était bien le but de la manœuvre. Les questions « techniques », si j’ose dire, ont été reléguées au second plan dès le premier biberon à donner, la première couche à changer, le premier sourire échangé… L’amour reste le premier, et le seul, paramètre fondamental.
BAMP : Beaucoup de couples s’interrogent du point de vue des enfants nés grâce à un don de gamètes, comment leur parler de leurs histoires particulières, comment vont-ils vivre cette histoire ? Est-ce que c’est un point qui vous a posé question ?
Marianne GROVES : Bien sûr. Je pense qu’en devenant adulte, chacun d’entre nous doit affronter, un jour ou l’autre, sa propre histoire. Celle de mes enfants est particulière, et je ferai en sorte qu’ils la connaissent en temps et en heure, lorsqu’ils seront prêts et en feront la demande. Mais encore une fois, le paramètre fondamental est l’amour qu’ils auront reçu. Un être qui a été aimé est armé pour encaisser sa propre différence. J’en ai la conviction intime. Et la différence, au fond, c’est le lot de tout un chacun… C’est même le propre de l’homme! La conscience, par contre, est une autre affaire. Je considère que leur papa et moi aurons le devoir de proposer à nos enfants de grandir vers une pleine conscience d’eux-mêmes.
BAMP : Est-ce que la question du double don, qui vous a permis d’avoir vos deux enfants, est un aspect de leur vie dont vous allez parler avec eux ? L’avez-vous déjà fait ? Si oui sous quelle forme ?
Marianne GROVES : Je leur ai raconté toute la vérité sur leur conception quelques jours après leur naissance, alors qu’ils étaient encore de tout petits bébés. Et j’ai écrit ce livre pour que mon récit perdure et reste intact, à leur disposition, lorsqu’ils le souhaiteront, plus tard. En attendant, ce qui prime aujourd’hui dans nos vies est le lien d’une puissance exceptionnelle qui unit nos deux petits garçons à leur papa et à moi. Nous sommes devenus une famille, unique, et parfaitement banale, au fond !
BAMP : Dans l’interview diffusée sur you tube, vous présentez votre parcours comme extraordinaire, plein de joie et de bonheur, alors que souvent les parcours d’assistance médicale à la procréation sont un véritable calvaire, est-ce vraiment la réalité de ce que vous avez vécu ?
Marianne GROVES :  Je raconte les choses comme je les ai vécues. Les choses ont marché du premier coup pour moi, je n’ai donc pas du tout vécu de calvaire. Je connais des cas autour de moi, en effet, de femmes traumatisées par des échecs successifs. Moi, j’ai eu la chance de vivre tout ça comme un énorme miracle, sans doute entretenu par un travail mental et psychologique en parallèle.
BAMP :  Vous évoquez aussi, la part de l’homme, de votre homme, dans cette histoire. Son positionnement vis à vis des enfants à naître, son cheminement dans sa décision de devenir père. C’est un sujet essentiel qu’il nous semble intéressant de développer : qu’éprouvent les hommes face au recours au double don de gamètes ? Qu’est-ce qu’être père dans ce contexte particulier ? Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? Peut-il nous en dire plus ?
Marianne GROVES : Non… Mon homme est un taiseux et il ne s’exprimera pas, je le crains. Et je ne peux pas non plus m’exprimer pour lui. La seule chose dont je peux témoigner, c’est que nos deux fils sont ses fils, à jamais et pour toujours, et que le lien qui les unit est beau à pleurer. Vous savez, ce sont les bébés qui font tout le boulot. Dès leur naissance, je dirais même dès leur conception, en fait, ces deux petits magiciens sont devenus, instantanément, la chair de sa chair. Il se damnerait pour eux, et eux pour lui. Il y a donc beaucoup plus, en matière d’amour filial, que l’ADN…
 Merci beaucoup pour vos réponses Marianne, réponses qui sont à l’image de votre livre, belles et libres.

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Commentaires à propos de cet article (3) :

  1. Je suis très contente que cette femme puisse être Maman, mais je me pose de vraies questions sur la situation des personnes fertiles qui ont « raté le coche ».
    En tant que femme qui a divorcé jeune et qui a eu très peur de se retrouver dans ce cas là, oui, d’une certaine manière je souhaite que tout le monde, quel que soit son âge et son parcours, puisse avoir sa chance. Et clairement, les femmes sont désavantagees.
    Et pourtant d’un autre côté ça me pose question. Déjà, je n’aime pas que le grand public mélange tout. Nous l’avions re confirmé avec un sondage BAMP, la plupart des couples infertiles sont en deçà voire bien en deçà des limites d’âges françaises. Je déteste qu’on essaye de nous faire passer pour des femmes frivoles et carriéristes qui ont loupé le coche (et d’ailleurs, je pense que personne n’a à juger les parcours de vie des femmes qui ont rencontré tard « le bon » ou qui n’ont pas voulu ou pu pour une raison ou une autre avoir des enfants « jeunes ».
    Mais oui, je me pose la question de la limite. L’utérus n’ayant pas d’âge, jusqu’à quel âge un couple (la mère…) peut il devenir parents ?
    J’espère être claire sur le fait que je me pose beaucoup de questions mais qu’en aucun cas je ne juge ce parcours ou un autre. Je ne connais pas le parcours de cette femme (d’ailleurs il faut que je tâche de lire ce temoignage) mais je pense que ça aurait pu être moi aussi.

  2. Moi je l’ai lu, ce témoignage. Il m’a forcément touchée, notamment en tant que femme plus ou moins de son âge, qui doit faire partie de celles qui ont « raté le coche »… et n’ayant, au surplus, pas la bonne fortune (dans tous les sens du terme) de disposer des moyens financiers nécessaires à l’aventure que représente une PMA à l’étranger.
    Si j’ai pu en être tentée, je reconnais que moi aussi, je me suis posée 1001 questions sur la part de responsabilité qui incombe aux femmes décidant sur le tard, voire sur le très-tard, de donner la vie, et notamment dans le cas d’une absence initiale de père – l’auteure explique très bien qu’à l’origine de sa démarche, son compagnon ne souhaite pas être impliqué dans ce projet a priori personnel, et que s’il l’a assurée de son soutien, il ne désire pas cette paternité pour autant. Elle a la chance infinie que cet homme se soit ravisé à quelques semaines de l’accouchement, et qu’il ait finalement surmonté son refus (et non pas son incapacité) de procréer avec elle, mais s’il ne l’avait pas fait? S’il ne s’était pas senti concerné, même in fine, par son projet?
    Dès lors, que vaut une envie d’enfant pour une femme seule, à 48 ans? La poursuite d’un rêve? Un « caprice » un peu égoïste auquel on ne peut ni ne veut renoncer? Un besoin irrépressible à devoir combler?
    Oui, de sacrées interrogations…

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