Vivre sans enfant est-ce possible ? – Interview du mois

Aujourd’hui, nous vous proposons l’interview que LARA du blog Des compagnes pour la traversée du désert, a réalisé avec KLARA une blogueuse AMP slovène. Nous vous laissons découvrir, en Français et en Anglais, l’échange qu’elles ont eu sur l’après pma sans enfant. Merci Lara pour cette proposition, ce gros travail de retranscription (une version en français et une autre en anglais) et merci à Klara d’avoir partagé avec nous son vécu et ses ressentis sur son parcours d’amp au regard d’une fin sans enfant.
Klara est une européenne de 40-et-quelques années qui fait aujourd’hui ce qu’elle a un jour pensé impossible: trouver le bonheur sans enfants et après 10 échecs de FIVs, un long combat contre l’infertilité, difficile et émotionellement chargé. Chaque jour elle fait un nouveau pas vers une vie accomplie. Vous pouvez suivre sa réinvention sur son blog: http://thenext15000days.blogspot.fr
Entrevue réalisée en anglais et traduite en français par Lara http://groupedefemmes.weebly.com/lara

Lara : Quelles sont à ton avis les différences entre vivre sans enfant en France et dans votre pays? (Par exemple culturelles comme les pressions sociales selon les pays).

Klara : La Slovénie faisant partie de l’Union Européenne comme la France, j’imagine qu’il n’y a pas de grosses différences entre la vie sans enfants en Slovénie ou en France.
L : Qu’as-tu envie de dire à une femme qui arrive au bout du parcours (sans enfant) ?
K : Les choses finiront par s’arranger, promis. Il n’y a pas si longtemps j’étais à 100% sûre que je ne pourrais jamais être heureuse si je devais finir sans enfant. Il a fallu changer d’attitude. J’ai dû me concentrer sur toutes les belles choses de ma vie, et profiter de la vie que j’ai. Ou alors — comme le chante mon groupe favori, les Rolling Stones “You Can’t Always Get What You Want”
On n’a pas toujours ce qu’on veut. C’est juste un fait de la vie. J’espère vraiment que lorsque je serai très vieille je pourrai dire: “Ce n’est pas la vie que j’avais prévu, mais je n’aurais pas voulu en avoir d’autre”.
Le livre qui m’a le plus aidée c’est “Silent Sorority” de Pamela Tsigdinos. C’est le premier livre qui m’a fait réaliser qu’il est possible de trouver le bonheur après l’infertilité.
L : Est-ce que la « décision » d’arrêter les traitements, de ne pas se lancer (ou continuer) dans l’adoption et de poursuivre une vie sans enfants est venue tout d’un coup, ou graduellement ?
K : La décision d’arrêter les traitement s’est faite graduellement. C’était très difficile d’arrêter car je savais qu’il n’y aurait alors plus d’espoir pour moi de tomber enceinte (me trompes sont complètement bloquées à cause d’une infection bêtement contractée lors d’un voyage). J’ai fait au total 10 cycles de FIV, qui ont tous échoué. Au 6 ème cycle il est devenu clair que la médecine ne m’aurait pas aidée. Mais je ne pouvais pas arrêter car je n’arrivais pas à laisser tomber ces rêves de maternité, et j’ai encore tenté 4 FIVs dans les 3 années qui ont suivi.
La dernière FIV était en République Tchèque, avec un don d’ovocytes. Durant ce protocole les effets secondaires ont été tellement horribles (j’avais tellement gonflé que j’ai vraiment cru mourir) que je me suis promise que ça serait ma dernière tentative quel que soit le résultat. J’ai eu le coeur brisé quant j’ai appris l’échec, mais n’ai jamais repensé une seule seconde à en refaire une.
Avant d’avoir des problèmes de fertilité, j’étais sûre de vouloir adopter. Mais mon mari a toujours été contre. Et puis c’est devenu compliqué et je parle de ce sujet en détails sur un post de mon blog.
L : Suite à cette “décision” de ne pas avoir d’enfant, est-ce que ta vision de la vie a beaucoup changé ?
K : Oui, ma vision de la vie a changé à l’arrêt des traitements, mais pas drastiquement. Je vais essayer d’expliquer: Durant les FIVs — il y en a eu 10 — mon seul but était d’avoir un bébé. Mon bébé. Et je me fichais de ma vie: j’étais tellement déprimée durant tellement longtemps — vivre sans enfant me semblait tellement horrible que je me fichais des dommages que les hormones pouvaient infliger à mon corps.
A ma 10ème et dernière FIV (avec don d’ovocytes), les effets secondaires ont été tellement horribles que durant quelques jours j’ai vraiment cru mourir (rétrospectivement ce n’était pas si dangereux, mais c’était vraiment horrible d’être dans ce corps tout gonflé). Là, je me suis promis d’arrêter les FIVs et de juste recommencer à vivre.
Depuis cette décision, je suis la personne la plus importante. I prends soin de mon corps (je fais une longue marche chaque jour, un peu de sport en été, mange sainement). Et je prends soin de mon esprit (je lis plusieurs livres par an). J’essaie de me concentrer sur moi et sur ce que j’ai. Et peu à peu, je laisse s’en aller toute cette tristesse accumulée en moi durant dix ans.

L : Comment a varié la souffrance au cours du temps ? Combien de cette souffrance vient du manque d’enfant en soi et combien de la société ?

K : J’ai d’abord pensé définir ma souffrance avec la formule 30% du manque d’enfant et 70% de la société.
Mais en y repensant quelques jours je réalise que la formule est vraie pour moi maintenant. En plein dans le parcours c’était plutôt 90% le manque d’enfant et 10% la société.
Je suis maintenant certaine que lorsque j’aurai 50 ou 70 ans, la douleur de l’infertilité sera toujours là, mais beaucoup moins forte. Et ce qui restera sera probablement dû à la société dans laquelle nous vivons.
Je trouve que mon mari et moi avons une très chouette vie. Je suis heureuse. Mais quand la douleur de l’infertilité refait surface, c’est toujours à cause d’une cause extérieure. Il y aura toujours de commentaires / question / suppositions que seule une vie avec des enfants vaut la peine d’être vécue. Et ça fait mal.
L : Qu’as-tu fait pour gérer cette douleur ?
K : Un échappatoire à la douleur était pour moi de voyager. Les jours les plus sombres de mon infertilité ont été juste avant que ma nièce soit née (il y a 7 ans). Je savais que cet évènement serait incroyablement difficile et que je devais faire quelque chose pour pouvoir le traverser: J’ai acheté deux billets d’avions pour Bangkok, pour 3 semaines après l’arrivée prévue de ma nièce. J’ai eu raison, ça a été horriblement difficile. Gérer le troisième échec de FIV. Et voir mon frère et sa femme sur un nuage de bonheur. Et de voir mes parents si heureux. Alors en ces moments c’était pacifiant de penser qu’il y avait quelque chose de superbe qui nous attendait, nous aussi. Voyager en Thaïlande était alors parfait.
L : Comment ton mari a t-il vécu ce parcours ?
K : Mon mari a accepté assez tôt le fait qu’on n’aurait probablement jamais d’enfant. Alors il était surtout triste de me voir aussi mal. Lorsque j’ai commencé à accepter ma vie sans enfant et décidé de recommencer à être heureuse (enfin la plupart du temps), il a été heureux.
Les couples ont chacun leur dynamique lorsqu’il s’agit de gérer l’infertilité, j’ai pu le constater en me faisant plein de nouvelles amies durant ces années infertiles. Dan la plupart des cas cependant (je dirais 3 couples sur 4) c’est la femme qui a le plus de peine à accepter une vie sans enfant, mais dans certains cas c’est l’homme. Chez nous, ça a été beaucoup plus difficile pour moi.
L : Comment ont évolués tes rapports avec ta famille et belle-famille avec cette absence définitive d’enfant ?
K : La relation avec la belle-famille n’a jamais souffert. Mes beaux-parents ont l’âge de ma grand-mère, et lorsqu’on s’est mariés leurs petits enfants avaient déjà entre 8 et 11 ans. Ils ne nous ont jamais demandé quand nous allions avoir des enfants. Au fil des ans, ils ont réalisé qu’il y avait un problème et que nous n’en aurions pas.
Par contre, la relation avec mes parents a beaucoup souffert. En plein durant mes traitements de FIV, ils ont eu leur première petite-fille, et puis la seconde. C’était dur de les voir aussi heureux avec les filles de mon frère, s’en occuper, leur acheter des cadeaux, et de savoir que je ne pourrai jamais leur donner ce bonheur-là. J’ai commencé à les éviter, surtout lors des grandes fêtes d’anniversaire. On n’y allait tout simplement pas. Je sais qu’ils pensent encore qu’on est bizarres, mais j’ai dû faire comme ça pour survivre. (Je leur ai toujours dit en avance qu’on se sentait pas bien dans une foule, et on passait le jour suivant prendre le café).

L : Tu semble entretenir des relations étroites avec des neveux et nièces, comment y est-tu parvenue ?

K : Il y a maintenant 4 enfants dans ma vie. Mon frère a deux filles (7 et 3 ans) et ma cousine, de qui je suis très proche, a une fille (5 ans) et un garçon (2 ans).
Lorsque les deux premières filles sont nées, c’était la période la plus difficile de ma vie. J’étais en plein échec de FIVs, alors il m’a été très pénible de voir ces bébés. Et durant ces premières années je n’ai pas fait grand-chose avec elles, juste le strict minimum. Et puis la douleur la plus vive s’est estompée, et j’ai pu accepter ces enfants.
Maintenant mon plan c’est d’être la tante la plus cool du monde. Et je pense qu’on puisse construire une relation avec un enfant qui n’est pas le sien, en faisant des trucs sympa ensemble, seuls sans leur mère.
Ma cousine a été très contente de partager ses enfants avec moi. Ma belle-soeur pas trop, elle est très protectrice. Mais les enfants grandissent et peuvent exprimer leurs envies. Maintenant, quand j’invite ma nièce par exemple au carnaval du Père Noël, je ne demande pas à mon frère et à sa femme si je peux emmener leur fille (même si je sais que je devrais le faire). Je le lui demande directement, et comme elle a déjà 7 ans, elle sait comment convaincre ses parents.
Je n’achète jamais les enfants avec des cadeaux chers. Et je n’achète jamais de sucreries (ils en mangent déjà trop). Pour le Nouvel An j’ai offert aux 4 enfants le même cadeau: un bon pour une visite collective (aux 4 enfants en même temps!) du Zoo de Ljubljana. Ils ont tous immédiatement accepté, même le petit qui a seulement 2 ans. 
L : Te sens-tu embarrassée avec la question « Vous avez des enfants ? » et que réponds-tu ?
K : Cette question ne m’a jamais embarrassée, juste énervée et blessée. Ma réponse a changé énormément ces 11 dernières années. Au début je racontais qu’on venait de nous marier et qu’on attendrait quelques années (ce qui n’était pas vrai, on a commencé un mois avant le mariage).
C’est lorsque j’étais en plein dans les traitements que cette question me blessait le plus. Je répondais juste “Non” et essayais de changer de sujet.
C’est maintenant bien plus rare qu’on me pose la question. Ma réponse dépend de mon humeur et de la personne qui pose la question. Si elle est gentille et a de bonnes intentions, je réponds “Non”. Si elle (c’est souvent une femme) demande pourquoi pas, je réponds honnêtement que j’ai essayé et que je n’ai pas pu en avoir. Si quelqu’un me pose la question juste par curiosité et n’a pas d’intérêt sincère pour moi, je trouve ça très malpoli. Je n’en suis pas fière, mais je réponds en général de manière tout aussi malpolie. Pour commencer je dis simplement “Non”. Mais quelqu’un de malpoli (= par exemple un jeune collègue) posera plus de questions. Alors je réponds que j’ai dix enfants morts mais aucun de vivant (et je n’explique pas que mes enfants sont tous morts entre 5 et 14 jours de leur conception). Cette réponse choquante en général me garantit que cette personne ne me posera plus la question.
L : As-tu compensé cette absence d’enfant d’une manière ou d’une autre ?
K : Je crois que j’ai compensé l’absence d’enfant en donnant plus d’amour à mon mari. J’adore lui faire des câlins. Lui parler. Passer du temps avec lui. Je ne dirais pas ça à une femme en début de parcours, mais l’infertilité est une chose tellement terrible le le mariage soit se casse ou soit en sort renforcé.
Notre mariage par chance en est sorti renforcé.
L : Avec qui as-tu parlé de cet avenir sans enfant ?
K : J’ai surtout discuté du futur sans enfants avec mon mari. J’avais un super groupe d’entre-aide pour les FIVs (5 amies trouvées en ligne). Mais elles ont toutes eu des enfants (soit elles sont tombées enceintes ou alors les ont adoptés de Russie). Dans mon pays je n’ai même pas une amie qui est restée sans enfants, alors je n’en parle pas vraiment. Ce n’est pas un sujet dont on peut parler avec des amis qui n’ont pas dû faire face au moins avec une longue infertilité car ils ne peuvent pas comprendre.
L : Est-ce que à un instant dans ton parcours un futur sans enfant t’a semblé inacceptable ? Si oui qu’est-ce qui te semblait le plus inacceptable ? Qu’est-ce qui a changé ta vision des choses ?
K : Oui, durant plusieurs années un futur sans enfants semblait inacceptable. Au plus bas de mon parcours je me suis sentie tellement déprimée que je ne voulais plus continuer à vivre. Je n’ai jamais considéré l’option du suicide, mais si j’avais eu un bouton magique qui m’avait effacée des mémoires des gens que j’aime le plus (mon mari, mes parents, ma meilleure amie), je l’aurais utilisé. Parce que la tristesse était tellement profonde qu’elle semblait insupportable. Les périodes les plus sombres venaient toujours après un échec de FIV. Durant les traitements et lorsque les choses semblaient bien se passer, j’étais tellement pleine d’espoir! Et puis, la fin des rêves était difficile à accepter.
L : Est-ce que tenir un blog vous a aidée ?
K : Écrire mon blog et discuter avec d’autres blogueuses dans le monde m’a énormément aidée. Je n’utilise pas mon vrai nom lorsque j’écris, alors je peux être vraiment honnête avec mes sentiments. Et lorsque j’écris mes sentiments les plus sombres et les plus tristes… rien que de les exprimer aide déjà beaucoup. Et ça aide de recevoir une réponse de quelqu’un qui comprend vraiment comment je me sens.
J’ai aussi rencontré deux amies blogueuses en personne Pamela Tsingdynos (aux USA, l’auteur de “Silent Sorority” et du blog http://blog.silentsorority.com) et Mali (de Nouvelle Zélande, http://nokiddinginnz.blogspot.fr). C’était incroyable de se rencontrer en personne! Mali a plaisanté qu’on pourrait avoir un nouveau slogan: “Deviens une blogueuse d’infertilité et voyage à travers le monde!”
***
Le blog a aussi aidé mon beau-père. J’ai écrit ça en mars:
Et ça en avril:
Et ça en juillet:
Avec l’aide de deux blogueuses Françaises, un des plus chers désirs de mon beau-père s’est réalisé.
English:
Klara is a 40-something european woman doing what she once thought was impossible: finding happiness after infertility. While it has been a long, difficult and emotional journey, with 10 unsuccessful IVFs treatments, each day she takes a new step towards a fulfilling new life. You can follow the story of her reinvention on her blog: http://thenext15000days.blogspot.fr
This interview was made by Lara http://groupedefemmes.weebly.com/lara
Lara: What are in your opinion the difference between living childless in France versus your country? (for instance cultural ones or social ones depending on the country).
Klara: Slovenia is part of European Union, so I guess there aren’t any major differences between living childless in France and living childless in Slovenia.
L : What would you like to tell to a woman ending it (without a baby) ?
K : Everything will be OK. I promise. It is not that long ago that I was 100 % sure that I could never be happy again if I remained childless for good.  What I had to change was my attitude. I had to focus on all the good things that I do have in my life.  And I have to  make the most out of the life that I have. Or – as my favorite band, the Rolling Stones, sings 
“You can’t always get what you want”. It is just a fact of life.  I really hope that I will be able to say  when I am very very old: « This is not the life that I planned, but no other life would I like to have more. »
The book that helped me the most was « Silent Sorority” from Pamela Tsigdinos. Because it was the first book where I realized that a happiness after infertility is possible. 
L : The “decision” of stopping treatments, not start (or continue) adoption and pursue a life without children, did it come gradually, and how long did it take ?
K : The decision of stopping treatments came gradually. It was hard to stop because I knew that once I stop, there is no way for me of getting pregnant (my tubes are completely blocked because of an infection that I stupidly got when travelling).  I had all together 10 failed IVFs. By the 6th failed IVF it was quite clear that medicine will not be able to help me. But I just couldn’t stop as I couldn’t let go the dreams of motherhood, and I had another failed 4 in the next three years. 
The last IVF was in Czech Republic, using egg donation. And during this protocol I had so many horrible side effects (I was so swollen that I was literally afraid I might die) that I promised to myself – that this would be my last IVF regardless of the result. I was heartbroken when it didn’t work out, but never thought for another second about doing it again.
Before I even knew that there could be some infertility issues, I was always sure that I would love to adopt. But then it was complicated and I talk about that topic in more details on my blog.
L : Following this “decision” did your vision of life in general change a lot ?
K : Yes, my vision of life after stopping treatments did change, but not that much. Let me try to explain: During the IVFs —10 of them — I was only focused in getting a baby. My own child. And I did not really care whether I lived or died: since I was so depressed for such a long time – remaining childless seemed such a horrible option that I really did not care what damage I did to my body with infertility drugs.
When I had the 10th. and last IVF (with egg donation), I had so many horrible side effects that for some days I was frightened I might die (looking back, it wasn’t that bad, but then it looked horrible, being in that swollen body). And I promised to myself that I would stop with IVFs and just live. 
Since that decision, I am the most important person. I take care of my body (going for a long walk every day, do some other sports in summer, eat healthy). And I take care of my mind (I read many books per year).  I try to focus on me and what I do have. And bit by bit I am letting go of all the sorrow that accumulated in me in a decade.
L : How did the pain vary with time and how much of the pain comes from the lack of children in itself and how much from the society ?
K : I first thought that I would define my pain with a formula: 30 % lack of children, 70 % society. 
I had some days to think about it and the formula is true for me now.  But in the very early day of infertility, it would be like 90 % lack of children, 10 % society. 
As I feel now, I am almost sure that when I am 50 or 70, the pain regarding infertility will still be there, but it will be much smaller. And whatever it will exist, it will be probably be mostly because of society.  Now I think we have a great life together, my husband and me. I am happy. 
 
But when there is a pain because of infertility, it is always triggered by society. There are always some comments / questions / assumptions that only life with full of children is worth living.  And this hurts. 

L : What were your coping mechanisms to deal with the pain ?

K : One of survival techniques was for me travelling. The most horrible, darkest days of my infertility were before my first niece was born (7 years ago). I knew that this event will be heartbreaking difficult, so I knew I have to do something in order to survive. My way: I bought two plane tickets to Bangkok. They were booked for 3 weeks after the planned birth of my niece. I was right. It was damn difficult. Dealing with failed IVF number three. And seeing my brother and his wife happy over the moon. And seeing my parents being happy beyond the description. SO even at that time – it was healing to think, that there was something beautiful waiting for us. Travelling around Thailand was just perfect. 
L : How did your husband take all this journey ?
K : My husband accepted the fact that we probably will never have children quite early. So he was mainly sad only because it was really hard for him to watch me so heartbroken.  After I came to terms with accepting my childless life and live happily (well, at least most of the time), he was happy too. 
Couples have a different dynamic in dealing with infertility, I know that from meeting a lot of new friends during those infertility years. In most cases (I would say 3 out of 4 couples) accepting a childless life is harder for women, but in some cases it is harder for the man. In our case, it was much harder for me

L : How did the relationship with your family and in-laws get affected by this definitive absence of children ?

K : Relationship with in-laws was never affected. My parents-in-law are the same age as my grandmother and when we got married their grandchildren were already 8 – 11 years old. They never asked when we would have children. As years were passing by, they just realized that there was an issue and that we would never have them.
On the other hand, relationship with my parents was affected. When I was in the middle of IVF treatments, they got the first granddaughter and then the second. It was hard to watch them, how happy they were being with my brother’s daughters. Looking after them, buying tons of gifts. And knowing that most probably I will  never give them the same happiness as my brother gave them.  I started to avoid them, especially when they had large celebrations on their birthdays. We just skipped them . I know they still think we are strange, but I had to do this in order to survive. (I always told in advance that we are not happy among the crowds and that we would come the next day for a cake and coffee).
 
L : It seems that you have a great relationship with your nieces, how did you manage to build that ?
K : I have actually 4 children that are close to my heart. My brother has two daughters (aged 7 and 3). And my cousin who is like a sister to me, has a girl (5) and a boy (2). 
When the first two girls were born, it was the most horrible period in my life. I was in the middle of failed IVFs, so it was very painful to watch the newborns. And also for the first two years I did not do much with them, except the bare minimum . But then, somehow, the raw pain faded. And it was easier for me to accept the children.   
Now I guess I have the plan to be the coolest auntie possible. 
And one of things that I really believe in is that you can build relationship with a child that is not yours, is by doing fun things together, alone, without their mothers. 
My cousin was more than willing to share her children with me.  My sister-in-law not really, she was and is very protective. But the good thing is that the children grow up and can express their will. Now, when I invite my niece for example to Santa Claus carnival, I don’t ask my brother and his wife if I am allowed to take the child (although I know I should do this). I just invite my niece. And since she is already 7, she knows her ways to persuade her parents. 
I never bribe the children with expensive presents. And I never buy sweets (they eat too much of them anyway). For New Year I gave all 4 kids the same present: a voucher for late spring, I will take them (all 4 of them at once!) to Ljubljana Zoo. They all said immediately that they would go, including the boy who is only 2.
L : Do you still feel embarrassed when you get the “Do you have children?” question, and how do you react ?
K : No. I actually never was embarrassed, just angry and hurt.  My answer has changed a lot in the last 11 years. At the beginning I was telling that we just got married and that we would wait a year or two (=which was not true, we started our »baby project« one month before the wedding). 
When I was in the middle of series of unsuccessful IVF treatments, I was hurt the most. I replied only »No« and then tried to change the subject.
 
Lately very seldom somebody asks me this question. My answer depends on my mood and who is asking. If a person asking is kind and has good intentions, I answer »No«. If she (usually is a woman asking) asks why not, I honestly reply that I tried and that I couldn’t have them. 
If a person is asking just because of curiosity and has no sincere interest in me, I find this very rude. I am not proud, but usually I answer with a rude reply. First I say only »No«. Usually this rude person (=for example young coworker) asks further. And then I reply that I have ten dead children and no living ones (and I don’t explain that my children all died between day 5 and day 14 from the conception).  This shocking reply is a guarantee that this person will never bother me with the question again.
L : Did you compensate this absence of children one way or the other ?
K : I guess I compensated the absence of children by giving all the extra love to my husband. I love to cuddle with him. Talk to him. Spend time with him. 
I wouldn’t tell this to a woman at the beginning of an infertility journey, but infertility is such a terrible thing that it either breaks the marriage or makes it stronger. 
Our marriage is luckily much stronger as ever before.

L : With who did you discuss this future without children ?

K : I discussed the future without children mostly with my husband.  
I had a wonderful IVF- support group (5 friends that I found online). But eventually all of them got children (either had them or adopted them from Russia). In my own country I actually do not have even one friend who remained childless, so I couldn’t talk with anybody. 
And this is a topic you can’t really discuss with friends who never dealt with long term infertility since they just can’t understand. 
L : Did at some point a future without children seem unacceptable to you ? If yes, what seemed most unacceptable? What changed your vision of things ?
K : Yes, for many years a future without children seemed unacceptable. At the darkest times of my infertility I felt so depressed that I just didn’t want to live any more.  Not that I ever considered a suicide as an option. But if I had a magical button to press where I could erase myself from the memories of the most beloved people (my husband, my parents, my best friend) I would just press it. Because the sadness was so deep that it seemed unbearable. 
And the darkest times always came after the failed IVF treatment. During the IVF treatment and if the things seemed to be going well, I was so full of hope. And then the end of dreams was hard to take.

L : How did blogging help you ?

K: Blogging about infertility and find bloggie friends all around the world really helped me a lot.  I am not using my real name when blogging, so I can be really frank about my feelings. And when I write about the darkest feelings and sadness …. just by expressing the feelings, it already helps. And it helps when you get a comment from someone who really really gets how I feel. So far I have met two bloggie friends also in person: Pamela (from the USA) and Mali (from New Zealand). It was just wonderful to meet them also in person! Mali joked that we can have a new slogan: »Become an infertility blogger and see the world! » 
*** 
There could be also a question, how did blogging help my dear father-in-law.
I wrote this in March:
And this in April:
And in July:
With the help of two kind bloggers from France one of the biggest wishes of my father-in-law came true.

Commentaires à propos de cet article (35) :

  1. Merci pour ce partage qui me touche étant aujourd’hui moi aussi sortie de ce parcours sans bébé à bercer… Je ne connaissais ni l’un ni l’autre de ces blogs…

  2. Merci pour ce témoignage. Je connaissais son blog mais je ne maîtrise pas suffisamment l’anglais pour comprendre tout. Avoir des points précis à présenter est un exercice qui demande une réflexion condensée sur un chemin de plusieurs années… A t-elle dit qu’elle avait eu du mal à répondre à certains points, ou au contraire que ça lui a permis de faire le point? Merci Lara et Bamp pour ces moments là aussi…

  3. Merci pour la traduction comme en français il y a trop peu d’écrits. Je dirais qu’au niveau des différences culturelles en France la société est encore très culpabilisante pour les femmes qui sont sans enfants et que le sujet est très tabou donc merci de diffuser ce genre de témoignage qui fera peut-être aussi évoluer la mentalité que l’on ne sort pas toujours de la pma ni avec un don d’ovocytes avec un enfant dans les bras. Merci à Klara de s’être livrée sur son parcours.

    1. J’ajouterai qu’en plus on nous « bassine » avec le taux de fécondité des françaises qui est quasi de 2 enfants par femme, record européen…

      1. Je partage c’est insupportable et tellement loin d’une réalité qui va crescendo : nous sommes dedans, nous pouvons en parler, les salles d’attente sont remplies et certains départements (vitilicoles le plus souvent) affichent des taux de sterelite très alarmants…

  4. Merci pour ce témoignage tres intéressant. Nous y pensons toutes dès lors que l’on rentre dans l’amp… Bravo pour ce magnifique courage et ce parcours.

  5. Merci pour ce témoignage… Qui est avant tout un magnifique élan de vie et d’espoir pour tous les couples qui doivent désormais avancer dans ce chemin non balise qu’est la vie sans enfant. Il semble obscure voire impossible… C’est rassurant de lire qu’être heureux reste possible et que l’on doit continuer à y croire, même si l’enfant tant espéré n’arrive pas…

  6. Merci à KLARA (et à sa traductrice) pour ce témoignage bouleversant parce qu’il parle de vie QUAND MEME.

  7. Un grand merci à BAMP et LARA pour ce témoignage très juste, émouvant, sincère. Tout ce qu’a vécu KLARA et ce qu’elle vit aujourd’hui me parle. Après avoir vécu les désespoirs de chaque échec de FIV, j’ai moi-même (avec compagnon) vécu l’injustice, la douleur, la tristesse, le vide de la dernière tentative qui ne marche pas. Et quand on ne veut pas se lancer dans l’adoption…comment faire pour se relever ? Il n’y a pas de recette miracle, souvent seul le temps peut nous guérir ainsi que l’acceptation du deuil de la maternité.
    Oui, la vie sans enfant peut être aussi riche, belle et pleine de chose très positive. Il faut arriver a, non pas « compenser »(je déteste ce mot), mais à « transformer » sa vie que l’on avait prévu autrement.
    Et surtout, SURTOUT, il faut communiquer sur ce sujet (« sortir de la PMA sans enfant »)!
    PS: l’émission « Les Maternelles » parle de ce sujet le 05 mars. j’ai apporté mon témoignage par une itw téléphonique . La journaliste voulait que je vienne en plateau mais c’était impossible « logistiquement ». J’espère que cela fera avancer les choses….
    PS2: le blog qui m’a beaucoup aidé est celui de Catherine-Emmanuelle Delisle (une gentille québécoise)(http://femmesansenfant.com/).
    Merci BAMP!

    1. Plusieurs adhérents et adhérentes BAMP ont répondu à l’appel à témoignage des Maternelles. En espérant que l’émission sera un reflet pertinent de cette situation.
      Nous sommes en contact avec Catherine-Emmanuelle Delisle
      Solidarité, Visibilité

  8. Merci pour ce témoignage précieux…
    Précieux pour les couples dans la même situation, précieux pour les couples en parcours car il ne faut pas nier cette réalité, précieux pour les personnes qui ont des enfants et qui doivent savoir que non, ça n’est pas donné à tout le monde…

  9. Merci d’avoir lu cette entrevue! J’ai eu des échanges (le tout par e-mail) vraiment super et intéressants avec Klara, je lui avais envoyé quelques questions, j’en ai laissé tomber quelques unes et en ai rajouté d’autres au fil de la discussion. N’hésitez pas à m’envoyer un message perso ou à commenter sur mon blog si vous voulez voir d’autres questions pour mes prochaines victimes (eh oui je ne suis pas rapide mais il y en aura d’autres).
    Je pense que donner une voix et de la valeur aux femmes sans enfants est important pour nous *toutes*, qu’on soit sorties de ce parcours avec ou sans un enfant dans les bras.

    1. Merci Lara, oui c’est important, car toutes les femmes, tous les couples qui souhaitent avoir des enfants sans y parvenir, qui rentrent ensuite en AMP, sont POTENTIELLEMENT en situation d’en sortir sans enfant.
      Car l’AMP n’est pas une solution magique, le don de gamètes non plus.
      Il est donc important de se soutenir, de s’accompagner, de partager.

  10. dear Lara: thank you for taking time for the interview.
    dear all: thank you for all your kind comments.
    Wishing you all the best!
    lots of love from sLOVEnia,
    Klara

  11. What a wonderful interview. Thank you for doing it in English also. I can agree with so much that was said. Infertility can break your marriage, or make it stronger. Luckily, mine is now stronger, but there was times it could have gone the other way.
    Infertlity has greatly affected my relationship with my own family and my in-laws. I’ve just had to come to terms that there isn’t anything I can do about, but protect my own heart.
    Of course, my favorite words to use when people question us about not pursuing parent any longer are « Life goes on, and so must we. » Klara was right, its about attitude. If you aren’t willing to accept what is and find happiness in other things, you will always be miserable.

  12. Dear Irouwen, thank you for finding just perfect title of the interview and for publishing it.
    wishing you all the best!
    Klara

  13. Thank you so much for interviewing Klara (and also for translating it to English)! She is pretty amazing and has become a dear friend and mentor to me. I wouldn’t choose to go through infertility again but I am so thankful for the friends that I have gained as a result of it.

    1. dear BentNotBroken, I am deeply touched, thank you! I am grateful for you and some other friends that I have gained from infertility. Hugs.

  14. Merci à Klara et Lara pour cet interview…
    Je retiens en particulier deux phrases :
    – « les choses finiront par s’arranger, promis »
    – J’espère que lorsque je serai vieille, je pourrai dire : « ce n’est pas la vie que j’avais prévue, mais je ne voudrais pas en avoir vécu d’autres. »
    La plupart des gens que je croise, au quotidien, me donnent tellement le sentiment que, sans enfant, on passe à côté de la « vraie vie », du vrai bonheur, que j’ai parfois la sensation d’étouffer, de ne plus pouvoir respirer. Lire cet article, c’est recevoir une bouffée d’oxygène. Merci donc.

  15. Adding my thanks for the interview and the translation. Klara is a wonderful ambassasdor of truth. I envy her ability to share her wisdom in multiple languages. She has opened up a new level of understanding and connected women who might otherwise feel isolated.
    Klara helped me to see that when it comes to expressing the complex emotions that surround this experience we all speak the same language.
    In coming to terms with the infertility experience one thing is certain: the need to be heard and validated — not just once but again and again since the experience continues to mold and change us. It is blogs like this that help us make sense of ourselves and the world in which we live.

  16. Merci à Klara d’avoir répondu aussi précisément à toutes les questions. C’est un sujet si tabou, une situation si peu comprise… Je retiens de ce témoignage que c’est un message d’espoir malgré tout, que l’on peut s’en sortir, avec le temps qu’il faut, et que l’on peut à nouveau profiter de la vie…
    Merci à BAMP pour cet échange.

  17. First of all, hats off to Lara for the wonderful, on point questions.
    Klara, I adore your frankness and because of your willingness to be open I (and I’m sure others) can see so much of mysef in you. I love your bold approaches of letting family know crowds of people were not in your best interest, and in how you let uncaring people know of your ten early child losses. These things are so important in a world that, as of now, does not immediately extend compassion to losses such as ours.
    PS – Appreciate the English translation, unfortunately minimal Spanish is my only second language:-(

  18. Thanks for interviewing Klara & also for the English translation, as my high school French is extremely rusty. 🙂 The pain of the infertility experience is universal, it seems.

  19. I appreciate the English translation, as I have no French! Thank you, Klara, for letting me know about your interview, and thank you for your online friendship!
    While I did not blog through our IF journey, I felt I needed to blog about moving to living childfree and being a member of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints (LDS, Mormons) in the city of the headquarters of that church. I found little suppot within our church community, which is so focused on families. The church has a lot of resources for single adults, including congregations servicing singles only, but nothing for those of us who are married and will never be parents. Even the church adoption agency we were approved through for four years was more focused on the birthparents than helping adoptive parents find a match or support us in the church society.
    The question about the pain was interesting. Mine has also moved from more pain at not having children to more pain when I am judged for not having children. Recently, I was on a plane on my way home from a business trip with someone I knew casually who lives about 3 hours from me. He is friendly and was asking about my family. He asked the worst question, « How many kids do you have? » I feel this is worse than, « Do you have kids? » because it assumes everyone does have kids. He apologized immediately, and I told him it wasn’t as hard now that it has been almost two years since we closed our adoption file, but a twinge of pain was still there. I don’t know if it wil ever go away.

  20. Très belle interview, touchante et pleine de vie. Très belle leçon de vie également pour la société qui veut nous faire croire insidieusement qu’il n’y a qu’un modèle de vie. Je découvre enfin sur votre site une vrai démarche d’information et de soutien sur ce sujet si tabou des femmes qui n’ont pas pu avoir d’enfants. Merci à toutes, ça fait si longtemps que je cherche des témoignages en ce sens. Je me sens moins seule 😉 et je vais essayer d’apporter moi aussi ma petite pierre.

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