Retour sur la SSI à Créteil

Semaine de Sensibilisation au CHI Créteil
 
Du 29 mai au 02 juin 2017, j’ai tenu un stand d’informations sur l’association BAMP ! dans le hall du Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil tout en exposant les photographies et les textes intitulés TRACES.

Les patients

Présente 2 jours et demi, j’ai totalisé 57 visites sur le stand BAMP. Munie des brochures, j’ai parlé  de BAMP !, sa création, ses combats, son site Internet, son réseau, sa force. Certains couples ou femmes prenaient la documentation et passaient rapidement leur chemin, peut-être liront-elles ce feuillet plus tard, à un moment plus propice.
J’ai soutenu quelques couples en cours de protocole, envie de parler, tout simplement, de se retrouver dans les sentiments vécus par d’autres, d’être normal. Je les ai invités aux prochaines rencontres BAMP !
J’ai épaulé une femme de 41 ans, en période de stimulation. Le couple n’a pas de causes médicales avérées, mais plusieurs fausses couches et aucune grossesse. Cette femme se questionne sur la perte de qualité de ses gamètes et sur une éventuelle congélation… Elle a versé des larmes sur le deuil d’une maternité qu’elle envisage déjà.
J’ai rencontré une jeune femme perdue dans le service… premier rendez-vous. Son mari n’a pas réussi à se libérer professionnellement. Je lui ai parlé de la loi sur les autorisations d’absence. Pourquoi vivre ce premier rendez-vous seule ? Après avoir consulté le médecin, je l’ai vu repartir avec une liasse d’ordonnances, mais heureuse d’être arrivée au début du parcours AMP.
J’ai discuté avec une femme venue pour un transfert d’embryons. Elle a déjà un fils d’un premier mariage. Mais un problème aux trompes l’empêche d’agrandir la fratrie avec son nouveau compagnon.
J’ai écouté cette femme de 36 ans, venue exprès à Créteil pour me rencontrer. Après 19 ans de vie commune dont 6 ans de protocole, ce couple est sorti du parcours AMP en mai dernier sans enfant. J’ai entendu ses pleurs et ses angoisses. Son compagnon ne veut pas entendre parler de don de gamète ou d’adoption. Rester avec lui ou partir, c’est la question qu’il lui pose maintenant. Je me suis sentie démunie face à sa douleur, n’ayant pas eu moi-même à faire le deuil d’un enfant. Je vais la recontacter, la soutenir comme je peux. Je lui ai conseillé de prendre rendez-vous avec un psychologue ; l’aura-t-elle fait ?
J’ai également rencontré cette autre dame qui, après un premier enfant né naturellement, n’a pas réussi à agrandir la famille. Le plus difficile pour elle, entendre les autres leur seriner « De quoi tu te plains, t’en a déjà un ! ».
Parmi ces couples en souffrance, espérant ou en deuil d’un enfant, j’ai aussi fait des rencontres heureuses et échanger sur les sentiments durant un parcours AMP avec :

  • Un couple en fin de parcours, car un embryon s’est implanté depuis 3 semaines,
  • Une femme, artiste visuelle, ayant des amis en cours AMP. Cette dame a pris une brochure pour ses amis et pour communiquer sur l’association autour d’elle.
  • Un jeune papa (et oui, la maternité se trouve au-dessus de l’AMP), heureux, mais a des amis concernés par l’infertilité.

J’ai eu la visite sur stand d’un homme d’environ 30 ans qui dans ses propos m’a choqué, excluant la possibilité qu’un homme soit infertile ; forcément c’est la femme !, puis, comprenant que ses idées étaient fausses m’a tout de même posé une question sur l’impact de l’infertilité sur la sexualité. Peut-on arriver à cet âge avec ses représentations de l’infertilité ?
J’ai longuement parlé avec Anne(*), en cours de protocole, prête à adopter, car son employeur public ne reconnait pas ses absences. Nous avons discuté de circulaire parue en mars dernier. Puis, nous avons abordé l’association, la SSI 2018 et son envie de s’investir avec nous. Nous allons nous recontacter cette semaine.

Le personnel hospitalier

J’ai apprécié sincèrement l’accueil fait par madame P. et sa collègue en amont de la Semaine de Sensibilisation à l’Infertilité, le lundi matin lors de notre installation et au cours de la semaine. Madame P. a vivement communiqué sur notre manifestation auprès de la presse, de la commune de Créteil et au CHI. Son intervention a permis d’avoir la visite sur l’exposition d’environ 25 membres du personnel hospitalier.
Je repense notamment à cette cadre du service néonatalogie qui a pris le temps de se poser devant chaque photographie pour ressentir l’émotion et les sentiments du photographe. J’ai noté ces quelques mots exprimés « L’exposition est magnifique. On sent véritablement la douleur, l’envie à travers les photos des patientes ».
J’ai été surprise de croiser un pompier du CHI intéressé par les idées que nous défendons au point de prendre un manifeste.
J’ai apprécié l’initiative d’un agent transportant les ovocytes ponctionnés au laboratoire de prendre des affiches pour mettre dans son service « pour les collègues qui ne peuvent pas se déplacer jusqu’au stand ».
J’ai discuté avec cette autre femme en blouse blanche sur le don de gamètes à l’étranger : difficultés face au coût financier, mais tellement envie d’un bébé.
J’étais anxieuse lorsque Marie est venue lire le texte que j’ai écrit il y a 5 ans à la suite de la naissance de ma fille pour rendre hommage au personnel de l’AMP.
Je remercie aussi le responsable logistique venu sur le stand pour savoir si j’étais bien installée, si j’avais eu tout le matériel demandé.
J’ai reçu un accueil chaleureux et de la sollicitude pour la cause des patients en AMP de l’ensemble de mes interlocuteurs tout particulièrement du personnel travaillant sur le service AMP.
Cette première SSI (pour moi) a renforcé ma motivation et mon investissement dans la cause défendue par BAMP !, mais je vous avoue, après avoir écouté, conversé, rassuré durant une semaine avec ces couples et ces femmes, j’ai été totalement absorbé par mon empathie. La gestion des émotions fut parfois difficile : un peu de repos s’impose !
 
(*) les prénoms ont été modifiés
 

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