Mon Petit Embryon

Mon petit,
Mon petit embryon,
Mon petit embryon qui ne connaît rien de moi et moi de lui.
Y a-t-il eu accroche ?
Le petit s’est-il cramponné à moi ? Ai-je voulu de lui pour que la grande aventure commence ?
Mon alchimie,
Ma petite alchimie s’est-elle opérée ?
Pour donner naissance à un amas de cellules en devenir.
Ma mûre, ma morula,
Ma petite mûre est-elle repartie du néant ? S’est-elle arrimée à ma membrane nourricière ?
Mon corps te supportera-t-il ?
Tu devrais faire 1 mm. Un traitement au lieu de la rencontre de deux corps.
Je fais quelque chose que je ne devrais pas avoir. Une femme seule qui s’autorise à concevoir un enfant seule. Scandale, péché des temps anciens, support fabriqué, aisé pour une société en mal de moralité et d’ordre moral. De prétendue filiation. Vraie question mais un prétexte pour faire honte… aux femmes qui désirent ardemment qu’un jour on les appelle « maman ».
Blastocyste nom barbare pour un, mon petit costaud.
Prêt pour se nidifier. En théorie. La chance après le courage.
Deviens ce que tu es.
Mes ovaires tirent, sont douloureux, est-ce toi qui exprime tes besoins ? ou les règles qui tapent, frappent, arrachent et ne tarderont pas à saigner et à faire saigner le cœur et le corps.
Fatigue du traitement ou d’un petit être qui s’accroche et exprime ses besoins. Stress de ne pas pouvoir, de ne pas savoir, d’être effondrée et non déçue, d’être jugée comme une incapable, mutilée et me replonger dans ma sexualité abîmée… De ne pas être à la hauteur. Avoir trop de peine pour quelque chose qui n’existe pas encore.
Désolée de ne pas avoir « choisi une PMA » comme on choisirait de faire Verdun ou Ravensbrück. Choisir de se battre, de rentrer sur un champ de bataille où il y aura plus d’aléatoires, d’inconnus, des pertes, des mutilés, des disparus, des blessures indicibles… Non je n’ai pas « choisi » de faire une PMA. C’est absurde.
J’ai choisi de combattre le destin et porter la vie.
Et les pourquoi ?
D’en avoir fait trop ou pas assez, quelque chose qui cloche en moi, dans ma tête, dans mon corps, capable d’accrocher des bouts d’endomètres mais pas de petits bouts… Cruelle réalité depuis l’âge de 10 ans. Sans le savoir. Sans un mot, un nom dessus, sans traitement pour cette maladie-là.
Supporter les femmes enceintes. Leur joie et leur ventre arrondi avec un bébé qui entendra la voix in utéro de leur papa. Celles qui conçoivent naturellement et qui n’auront pas à subir les regards réprobateurs.
La PMA c’est avant tout une histoire de deuil, deuil d’une relation charnelle pour concevoir, se sentir pleine, pleine d’un amour avec l’homme qu’on aime et qui nous aime.
Deuil d’une maternité partagée, d’une famille traditionnelle que l’on a connu.
Deuil des gènes que l’on porte.
La PMA en solo. C’est aussi renoncer à l’estime des autres pour retrouver l’estime de soi.
Le temps cette tragédie féminine.
Bienheureux les couples qui n’ont pas besoin qu’on les aide pour donner naissance à un enfant.
Remercier les donneurs et les cliniques étrangères qui malgré leur appétence financière aident toutes les femmes à devenir mère.
Il n’y a pas de diplôme pour devenir parent.
 
Elisa
 
 
 
 
 
 
 
Pour la troisième fois, Elisa vient de subir un nouvel échec suite à une AMP réalisée à l’étranger.
Seule

Commentaires à propos de cet article (3) :

  1. Elisa,
    comme tous nos posts emplis de doutes, le tien est dur, douloureux. Tu as raison, on ne choisit pas entrer en PMA, mais on pousse tout de même la porte pleine d’espoir. Dans mon blog (en friche), j’ai beaucoup écrit à mes embryons. Les vilains n’ont pas choisit de survivre, ou alors, ils ont fait n’importe quoi, et il a fallu les enlever de mon corps… Je crois bien que le temps post-transfert fait partie des instants les plus douloureux, le temps qui passe seconde après seconde, puis finalement trop vite comparé aux mois de préparation (et le temps de l’espoir), quand il faut se confronter bien souvent à la réalité : ce ne sera pas pour cette fois-ci. Ou alors, si, mais c’est si fragile.
    Non, on ne choisit pas de rentrer en PMA et son lot de souffrances.
    Quel courage, me disait-on, les piqures, les kilomètres, les opérations.
    Mais pour moi, le courage, ça a été d’arrêter, par la force des choses. De choisir d’être raisonnable pour mon corps maltraité, vieillissant, refusant d’être un nid douillet, même avec les gènes des autres et des tonnes de « médical ».
    Je te souhaite de sortir de cette PMA la tête haute, fière, et les bras emplit de ton rêve.
    Affronte les regards désapprobateurs, F*** les autres, chacun sa route, chacun sa famille. Ton bébé sera voulu, pensé, envisagé, aimé dès le départ, c’est l’essentiel (mais tellement rare finalement).
    Bon courage à toi.

  2. Ce texte m’a vrillé les tripes, nous avons toutes ou presque connu ces échecs abyssaux mais rarement seules, ce qui demande un autre courage. Je sais que la période rend les choses un peu plus dures encore mais j espère qu il y a ou aura bientôt des moments de répit à la peine. Quelle que soit la suite de l histoire, qu elle soit douce et si possible heureuse. Je te le souhaite du fond du cœur.

  3. Bonjour Élisa,
    Ton texte très touchant, fait bien comprendre la souffrance morale et physique par laquelle tu es passée… Tu sais que je ne suis pas à ta place, mais toujours prête à t’encourager.
    Malgré tout, à un moment, comme le dit Deesselinette, le courage, c’est aussi d’arrêter, par la force des choses. De choisir d’être raisonnable pour ton corps maltraité, qui mettra sans doute longtemps à se rétablir. Tu as fait le maximum et tu dois être très fière de ton courage et de ta persévérance.
    Préserve ta vie et fait là le plus douce possible car tu n’en a qu’une!! Je t’embrasse fort
    A bientôt

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