Et si en 2021 nous nous offrions un cadeau collectif ?

C’est ainsi que nous aimerions commencer cette nouvelle année ! Et si nous nous offrions en grand et beau élan de solidarité, de mobilisation collective, grâce à une mobilisation importante pour le DPI-A ?

La loi de bioéthique doit revenir au Sénat, ce 13 janvier, pour l’étude du texte en commission spéciale. Puis début février pour le vote en plénière. Ensuite le texte va sans doute être étudié une dernière fois par une commission mixte paritaire (députés et sénateurs). Cela nous laisse donc, un peu de temps pour faire du bruit au sujet du DPI-A. La précédente campagne FACTIO que nous avions fais sur ce sujet en 2020, avait permis d’adresser plus de 9500 alertes à nos politiques. Mais cela n’a pas été suffisant. Le DPI-A a été retiré du texte.

Aujourd’hui, nous avons tous besoin de la mobilisation des uns et des autres. Car ensemble, nous pouvons essayer de mettre un terme au transfert d’embryon NON VIABLES en FIV. Nous voulons le DPI-A pour les couples en échec de FIV ! C’est pour cette raison que nous vous proposons cette nouvelle campagne FACTIO, qui va vous permettre d’interpeller vos sénateurs, vos députés en quelques clics.

Voici le texte que nous avons envoyé aux députés, sénateurs et aussi aux médias. La loi de bioéthique sans le DPIA, ce n’est pas possible. Nous voulons mettre fin aux transferts d’embryons non viables en FIV ! Alors êtes vous prêts-es pour ce cadeau collectif ?

POUR SIGNER, ALERTER ET PARTAGER notre campagne FACTIO « Pour améliorer la prise en charge en FIV grâce au DPI-A » suivez ce lien. MERCI !

Communiqué de presse – projet de loi de bioéthique

Les couples en échec de FIV aimeraient aussi voir leur projet parental aboutir !

            Le diagnostic préimplantatoire des aneuploïdies (DPI-A) est une technique qui consiste à dépister à un stade embryonnaire très précoces des anomalies chromosomiques qui constituent la principale cause de fausses couches précoces (environ 50% des fausses couches précoces sont dues à des anomalies chromosomiques embryonnaires). Cette technique a démontré son efficacité d’après la littérature internationale spécialisée, sur la prise en charge de l’infertilité dans plusieurs indications comme chez les femmes de plus de 35 ans, et/ou présentant de nombreuses fausses couches ou des échecs d’implantation.  

L’objectif du DPIA n’est pas d’améliorer ou de modifier les embryons, mais d’améliorer les taux de réussite des FIV et d’optimiser la prise en charge en AMP pour les couples confrontés à des échecs répétés de FIV.  L’application du DPI-A permettrait d’améliorer les taux d’implantation et les taux de grossesses mais surtout de réduire significativement les pertes fœtales (fausses-couches spontanées, avortement tardifs, IMG…) et le délai d’obtention d’une grossesse. Ce dernier critère est absolument majeur chez des couples infertiles avec un âge reproductif avancé. Cette stratégie plus efficiente devrait enfin permettre aussi de réduire l’impact physique et psychologique ainsi que les coûts de la prise en charge des patients infertiles.

Malgré cela, l’ajout du DPI-A au texte de loi discuté en 2020 dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique a été rejeté ce qui est humainement, éthiquement incompréhensible et violent pour les personnes infertiles concernées. De plus, ce refus est aussi un non-sens d’un point de vue économique en regard des prises en charge par la sécurité sociale de tentatives chez certains couples dont tous les professionnels conviennent qu’elles n’aboutiront pas. Les patients en échec de FIV veulent bénéficier de cet outil pour sortir de l’échec de leur projet parental et tous les professionnels de l’AMP le demandent.

Madame le Pr Nelly FRYDMAN-ACHOUR, spécialiste de l’AMP indiquait déjà en 2016 : « Au regard de l’objectif d’amélioration de la qualité des soins, l’interdiction (du DPIA) est devenue une contradiction incompréhensible ».

            Le VRAI scandale est là, et non pas dans le prétendu « eugénisme » de cet outil, qui permet de mieux évaluer le potentiel implantatoire des embryons et donc de transférer ceux qui ont le plus de chance d’aboutir rapidement à la naissance d’un enfant vivant. Aujourd’hui trop d’embryons non viables sont transférés tous les jours dans les centres de fécondation in vitro français. Cette étape d’amélioration des outils disponibles, via le DPI-A pour la sélection des embryons avec le meilleur potentiel de grossesse est capitale et nécessaire pour limiter les échecs de FIV.

Pourquoi ?

            Parce qu’aujourd’hui le choix des embryons à transférer repose sur des critères morphologiques et cinétiques qui sont de mauvais marqueurs prédictifs des anomalies chromosomiques embryonnaires. Ainsi les embryons « hors standard » morphologiques sont le plus souvent détruits ou transférés en dernier recours. Pourtant plusieurs études ont montré que parmi ces embryons existait une forte proportion d’embryons chromosomiquement équilibrés et dont le transfert pouvait aboutir à une grossesse (jusqu’à 50% de taux de grossesses pour certaines études). Ce choix « visuel » donne de grandes orientations, mais n’est pas suffisant, d’où des taux de réussite des FIV encore très faibles.

Les chiffres des résultats des FIV en France sont très parlants :

  • 4 FIV sur 5 se soldent par un échec : 4 échecs pour 1 réussite ce n’est pas acceptable.
  • 148 711 tentatives d’AMP (inséminations + transfert d’embryons) réalisées en 2018 qui permettent d’obtenir 25 120 naissances, (chiffres de l’Agence de la Biomédecine)
  • En FIV, le taux de grossesse par tentative est de 23,5% soit 76.5% d’échec !
  • Tout âge confondu, environ 60 % des embryons obtenus en FIV ne se développent pas, pour atteindre 80% chez les femmes de plus de 35 ans
  • 245 590 embryons surnuméraires conservés au 31/12/2018 dont un certain nombre inutilement car aneuploïdes.
  • Les transferts d’embryons multiples représentent encore 50% des transferts, alors que les recommandations nationales soutiennent le transfert d’un seul embryon. Les taux de grossesses gémellaires sont donc encore trop élevés.

Le Comité Consultatif Nationale d’Ethique a donné un avis (n°129) favorable au DPI-A. Le Conseil d’Etat (28 juin 2018) y est également favorable au nom du principe éthique de « non-malfaisance ». Les sociétés savantes Françaises d’AMP, de Diagnostic Pré Implantatoire y sont toutes aussi favorables. La Cour des Comptes dans son rapport 2019, invitait à renforcer l’EFFICIENCE de l’AMP en France.

Alors qu’attendons-nous ? La prochaine révision de la loi de bioéthique, dans 10 ans ?

Nous refusons de sacrifier des générations de personnes infertiles sur l’autel, non pas de la bioéthique, mais de la politique !

            Pendant ce temps, nous enchaînons les traitements hormonaux pour rien, les transferts d’embryons inutiles, nous subissons des fausses-couches et nos projets parentaux s’éloignent, et pour beaucoup, ne pourront pas se réaliser. Le parcours d’AMP est un parcours long, contraignant, éprouvant physiquement et moralement mais malheureusement incontournable pour la grande majorité des patients infertiles souhaitant faire aboutir leur projet parental. Ces recours à l’AMP sont de plus en plus communs car l’infertilité est aujourd’hui un problème de santé public majeur touchant près d’un couple sur 6, un chiffre qui ne fait que s’aggraver au fil des années. Pourtant, le critère d’infertilité a été retiré de la loi de bioéthique par les députés et le gouvernement alors que c’est un enjeu médical majeur des prochaines décennies.

            La problématique éthique autour du DPI-A est difficile à comprendre. Il a été régulièrement avancé l’argument du risque de « dérive eugéniste ». Ce terme « eugéniste » est totalement galvaudé. En effet, l’eugénisme sous-tend un caractère contraint et forcé ce qui n’est absolument pas le cas puisque le respect de l’autonomie de chaque femme sera respecté et que le choix final ne revient ni aux biologistes ni aux généticiens. Ainsi toute femme aurait le libre choix de demander ou non un DPI-A et le libre choix d’accepter ou non un transfert d’embryons aneuploïdes. Il est aussi important de noter que ce dépistage ne serait pas proposé en population générale mais uniquement aux couples infertiles dans des situations d’impasse de prise en charge soit une minorité de couples. De plus, ces réticences éthiques sont d’autant plus incompréhensibles quand on assiste en parallèle à l’accélération phénoménale du dépistage non invasif des anomalies chromosomiques (DPNI) ou du diagnostic prénatal (DPN) depuis plusieurs décennies en France. Le même constat peut être fait sur les demandes d’IVG et d’IMG. La France a su depuis de nombreuses années autoriser et encadrer le dépistage et le diagnostic génétique en période prénatale (DPN, DPI) sans qu’aucune dérive ne soit à déplorer. Alors pourquoi ces évolutions technologiques et ce respect d’autonomie du patient sont autorisés une fois la grossesse engagée mais interdite avant un transfert d’embryon en FIV, pour les couples en échec permanent ? Nous demandons que les patients en échec de FIV puissent, sur le principe de l’information, du consentement et du choix, bénéficier du DPI-A.

  • Nous demandons que soit encadré et autorisé le dépistage des embryons aneuploïdes (hors chromosomes sexuels) avant leurs transferts en FIV dans certaines indications médicales prédéfinies par les sociétés savantes.

Ceci afin d’introduire plus d’éthique, de cohérence dans les parcours de soins en FIV et de mettre fin à ce non-sens médical qui consiste à transférer des embryons non viables. 

            Allons-nous encore accepter de voir les couples s’abîmer dans des parcours de FIV infructueux ? Alors qu’ils pourraient bénéficier du Diagnostic Pré Implantatoire des embryons Aneuploïdes ? Il est inacceptable de voir nos projets parentaux anéantis parce que nous sommes infertiles et que le gouvernement, les députés ont décidé que le DPIA serait interdit en France.

Les plus fortunés de nos concitoyens continueront de partir à l’étranger pour bénéficier d’une prise en charge de plus haute qualité, plus efficace et plus bienveillante.  

La grande majorité des couples actuellement en parcours de FIV et qui rentrent dans les critères internationaux pour lesquels le DPIA a été reconnu comme apportant un bénéfice, avec l’arrivée d’une grossesse, ne pourrons pas voir leur projet parental aboutir malgré de très longs parcours d’AMP, sans le DPIA.

Il y a donc urgence à autoriser et encadrer le DPIA en France, sans attendre les résultats d’un potentiel PHRC, qui ne fait que retarder encore plus l’autorisation du DPIA. Pendant ce temps, les couples infertiles se trouvent face à l’échec de leur projet parental alors qu’il serait possible d’y remédier avec le DPIA.

Virginie RIO, co-fondatrice et présidente de l’association COLLECTIF BAMP !  

12 janvier 2021

Un grand MERCI au Professeur Charles COUTTON, généticien praticien du DPI et responsable du laboratoire de génétique chromosomique du CHU de Grenoble, pour sa relecture attentive de ce texte.

POUR SIGNER, ALERTER ET PARTAGER notre campagne FACTIO « Pour améliorer la prise en charge en FIV grâce au DPI-A » suivez ce lien.

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