Parentalité via don de gamètes : Informez vos enfants pour le bien-être de toute la famille !

C’est en résumé les conclusions de la dernière étude publiée sur ce sujet par l’équipe de Madame Susan GOLOMBOK. Travail de recherche en psychologie de l’enfant intitulé « Une étude longitudinale des familles formées grâce à la procréation assistée par un tiers : relation mère-enfant et adaptation de l’enfant de la petite enfance à l’âge adulte » phase 7. C’est la première étude qui regard l’impact dans des familles hétérosexuelle, de la « divulgation« (disclosure) du recours au don sur la parentalité et le développement de l’enfant. L’étude cherche à évaluer :

  • Si les enfants nés via AMP avec don de gamètes ont des problèmes psychologiques ou des difficultés dans leurs relations avec leur mère au début de l’âge adulte ?
  • L’impact de la « divulgation » à partir de 3 ans de l’enfant, sur la qualité des relations mère-enfant.

Cette chercheuse britannique en psychologie de la famille et de l’enfant à l’université de Cambridge est l’une des première à avoir travailler sur le sujet des « famille de mères lesbiennes, les familles de pères homosexuels, les mères célibataires par choix et les familles créées par les technologies de procréation assistée, notamment la fécondation in vitro (FIV), l’insémination par donneur, le don d’ovules et la maternité de substitution. Elle a mené l’une des premières études au monde sur les enfants de familles de mères lesbiennes dans les années 1970 et sur les enfants nés par procréation assistée dans les années 1980. Sa recherche a remis en question les mythes et les hypothèses populaires sur les conséquences sociales et psychologiques pour les enfants d’être élevés dans de nouvelles formes de famille, et a fait progresser la compréhension théorique des influences parentales sur le développement de l’enfant plus généralement en montrant que la qualité des relations familiales et le contexte social de la famille a plus d’influence sur le développement psychologique des enfants que le nombre, le sexe, l’orientation sexuelle ou les liens biologiques de leurs parents« . Sources wikipédia

Cette étude, sur une petite cohorte de familles (65 familles), publié dans la revue de l’American Psychological Association, en 2023 vient compléter le suivi au long court que Madame Golombok et ses équipes font depuis plus de 20 ans auprès des parents et des enfants. Cette étude observe et analyse les effets à longs terme de différents types de procréation assistés par tiers donneur sur la parentalité et l’adaptation des enfants. A sept moments de la vie de l’enfant : 1 an, 2 ans, 3 ans, 5 ans, 7 ans, 14 ans et 20 ans. Elle montre de façon fiable l’impact de l’information des enfants à différents âges, indiquant que plus tôt l’information est partagée avec l’enfant (avant 4 ans) meilleurs sont tous les paramètres familiaux et personnels : bien-être maternel, relations familiales, adaptation des jeunes adultes.

Différents types de familles ont été comparées entre elles : familles via don de spermatozoïdes, familles via don d’ovocytes, familles via GPA, et familles hors amp et nous vous le rappelons sur 20 ans, pour évaluer aux différents âges du développement de l’enfant (petite enfance, milieu enfance, adolescence et jeune adulte) l’impact de la naissance via don de gamètes sur le développement, les relations intrafamiliale (communication, qualité des relations, bien-être/dépression) et le développement personnel (estime de soi, bien être psychologique, capacités d’adaptation psycho-sociales, autonomie, liberté).

A l’adolescence, moment charnière pour nos enfant, car besoin d’autonomisation et de développement de leur identité, l’étude montre qu’il n’y « aucune différence dans la qualité des interactions mères-adolescent que les familles soient via don de gamètes ou hors amp« .

Trois notions importantes de cette étude :

« L’absence de lien biologique entre les enfants et les parents n’a pas d’effet négatif sur la qualité des relations mère-enfant ou sur l’adaptation psychologique des enfants même lorsqu’ils ont acquis une compréhension adultes de ce que signifie un absence de lien biologique« . Source Golomobok A Longitudinal Study of Families Formed Through Third-Party Assisted Reproduction: Mother–Child Relationships and Child Adjustment From Infancy to Adulthood

« Plus tôt (avant 7 ans ) les enfants sont informés du recours à un tiers donneur pour permettre leur naissance, meilleure sont les résultats en terme de qualité des relations mère-enfant, qualité des relations familiales et interpersonnelles, et du développement de l’enfant et ce jusqu’à ces 20 ans » (résultats issus de la phase 7 de l’étude).

« Si l’annonce est fait avant les 7 ans de l’enfant, les mères vivent des niveaux d’anxiété et de dépression plus faibles que si l’annonce est faite plus tard. Les relations familiales sont plus positives aussi« .

Cette notion d’information, l’étude parle de divulgation « disclosure », nous semble connotée : comme si la notion de parentalité via don de gamète pouvait être un secret à dévoiler, à divulguer. C’est de la sémantique, nous en avons conscience, les nuances sont minces. Mais de notre côté et depuis toujours, nous voyons la parentalité via don de gamètes, non comme un secret, mais comme une réalité qui nécessite le partage de cette information auprès de l’enfant lorsqu’il est né et au cours de son développement. Nous sommes donc interpelé par l’utilisation de ce terme de divulgation qui représente pour nous la notion d’un secret qui doit sortir et non une simple information qu’il faut partager avec les premiers concernés.

C’est une évidence pour notre association que la qualité de la relation parents-enfant est plus importante que la génétique. Comme il est évident aussi pour nous que l’information des enfants nés via une AMP est nécessaire et de la responsabilité des parents. Des parents apaisés vis à vis de la non utilisation de leur gamètes, vis à vis du recours à un tiers donneur, en cohérence avec ce projet familial, ouvert sur ces sujets, considérants que la transparence et la vérité seront la base d’une bonne qualité relationnelle, émotionnelle, communicationnelle au sein de la famille et ce qui aura un impact positif pour le développement psycho-social des enfants et la bonne qualité des relations intrafamiliales. C’est notre message phare, les personnes qui souhaitent s’engager dans une parentalité via don de gamètes doivent travailler les conflits intra psychiques que l’idée de recourir à un don de gamètes pour devenir parents, provoque chez eux. Les enfants à venir ne pourront pas « tout arranger » par leur seule présence. Pour avancer sur ce chemin, il est nécessaire de se faire accompagner et considérer les difficultés vécues, ressenties, envisagées de façon responsables, sans rien mettre sous le tapis, ou renvoyé à « plus tard ».

L’étude le montre bien, indiquant avoir mis à jour une « différence entre les différentes familles au sujet du fonctionnement familiale. Dans les familles via don d’ovocyte, les mères déclarent des relations familiales moins positives que les mères via don de spermatozoïdes ». Elles signalent aussi « plus d’anxiété pendant la grossesse vis à vis de la création du lien avec le bébé. Puis à cinq ans de l’enfant, elles déclarent percevoir l’accès à l’identité de la donneuse comme une menace direct sur sa relation avec son enfant« . La phase 7 avec les jeunes adultes de 20 ans montrent que pour les mères via don d’ovocyte, ce ressentis de relations familiales plus négatives, n’était pas retrouvé chez leurs enfants de 20 ans, ce qui indiquerait pour les chercheurs une problématique spécifique à la mère et à ses ressentis propres (conflits intra-psychique vis à vis du recours au don, deuil de ses gamètes, non résolus ?).

Autre point de différence relevée par l’étude : les jeunes adultes de 20 ans conçus via don de spermatozoïdes on « signalé une communication familiale plus faibles que ceux conçus via don d’ovocyte. Différence que les chercheurs expliquent par un plus grand secret sur la conception dans ces familles, une réticence des pères à révéler l’information et si divulgation a été faite une moindre envie d’en parler par la suite« .

Dans les années 1995-2009, les travaux de Madame Golombok montraient une réticence des familles hétérosexuelles constituées via don de sperme (le don d’ovocyte n’était pas encore techniquement possible), à informer les enfants. Elle n’avait pas pu étudier l’impact de l’information des enfants car les parents ne voulaient pas informer les enfants. Argument qui a été largement diffusé en France au moment de la révision de la loi de bioéthique (2018-2021) pour accuser les parents hétérosexuels de mentir à leur enfant. Pourtant les études de l’époque (Golombok sur le don de spermatozoïdes en 1995, 2002, 2099 et sur le don d’ovocyte en 1999 et Murray en 2003) « montraient que les familles fonctionnaient bien, malgré le fait que les parents n’avaient pas informé les enfants« . Le comité éthique de l’Américain Society for Reproductive Médecine n’incitera les parents à informer leurs enfants qu’en 2018.

Nous parlions de notre côté de générations différentes, les parents des années 70, 80, 90 pour qui l’information des enfants étaient loin d’être une évidence. Et les parents des nouvelles générations 2000, 2010, qui au regard des évolutions sociales sur ce sujet informaient plus largement les enfants ou souhaitaient le faire.

Nous souhaitions vraiment partager avec vous cette très intéressante étude, car nous savons que la question de la parentalité via don de gamètes est un sujet qui revient très souvent, notre association étant très investie sur ce sujet.

« Les enfants informés de façon majoritaire avant 4 ans ont plus de relations positives avec leur mère à l’age de 20 ans que les enfants informés après 7 ans« . Informez vos enfants et si vous avez besoin d’aide notre association vous propose des ressources : groupes de paroles, entretiens individuels, lectures, visio sur ce thème. Ne restez pas isolés avec vos questions, nous pouvons vous soutenir sur ce chemin de la parentalité via don de gamètes.

« A Longitudinal Study of Families Formed Through Third-Party Assisted Reproduction: Mother–Child Relationships and Child Adjustment From Infancy to Adulthood »

https://psycnet.apa.org/fulltext/2023-63676-001.html



https://psycnet.apa.org/fulltext/2023-63676-001.html

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